Prédication du 27 octobre 2024 - Actes 1.6-14 - Pour une prière engagée et engageante

La prière, dans les Eglises, on en parle beaucoup, on la souhaite… mais la pratique-t’on tant que ça ? Pas si sûr.

Peut-être parce qu’on ne sait pas toujours comment prier, pour quoi prier. Prier les uns pour les autres, oui, bien sûr… Prier pendant le culte, oui… Y a-t’il autre chose ?

Pour élargir notre regard sur la question, je vous invite à méditer un passage du livre des Actes. Pourquoi celui-ci en particulier ? Parce qu’on y voit justement les premiers disciples en train de prier ensemble. Dans ce moment très particulier de l’histoire de l’Eglise qui se situe entre l’Ascension et la Pentecôte. Dans ce temps de transition, entre le départ de Jésus et leur entrée en mission… le groupe des disciples se retrouve pour prier assidument et d’un seul cœur, dit Luc.

Prenons le récit juste avant l’Ascension, en Actes 1.6-14

 6Les apôtres sont donc réunis avec Jésus et ils lui demandent : « Seigneur, est-ce maintenant que tu vas rétablir le royaume d’Israël ? » 7Jésus leur répond : « Vous n’avez pas besoin de connaître le temps et le moment où ces choses doivent arriver. C’est mon Père qui décide cela, lui seul a le pouvoir de le faire. 8Mais vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous. Alors vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’au bout du monde. »

9Après que Jésus a dit cela, il monte au ciel sous les yeux de ses apôtres. Ensuite, un nuage le cache, et ils ne le voient plus.

10Mais pendant que Jésus s’éloigne, les apôtres continuent à regarder le ciel. Tout à coup, deux hommes en vêtements blancs sont à côté d’eux. 11Ils disent aux apôtres : « Hommes de Galilée, vous restez là à regarder le ciel. Pourquoi donc ? Jésus vous a quittés pour aller vers le ciel. Et il reviendra de la même façon que vous l’avez vu aller vers le ciel. »

12Alors les apôtres quittent la colline appelée « mont des Oliviers » et ils retournent à Jérusalem. Ce n’est pas très loin, à un kilomètre environ. 13Quand ils arrivent à Jérusalem, ils vont dans une pièce, en haut d’une maison, c’est là qu’ils ont l’habitude de se réunir. Il y a Pierre, Jean, Jacques et André, Philippe et Thomas, Barthélemy et Matthieu, Jacques le fils d’Alphée, Simon le nationaliste et Jude le fils de Jacques. 14Tous prient fidèlement d’un seul cœur. Avec eux, il y a quelques femmes, Marie la mère de Jésus, et les frères de Jésus.

(trad. Parole de vie)

Les pieds sur terre ou la tête dans les nuages ?

Difficile d’imaginer ce qu’ont ressenti les proches de Jésus dans cette période de transition : Jésus était mort, le voilà ressuscité. Luc raconte que pendant 40 jours, il enseigne ses disciples… et au moment où ceux-ci pensent que ça y est, leur maitre va « rétablir le royaume d’Israël » comme ils l’attendent depuis longtemps, Jésus les renvoie à une autre attente, un autre projet : « vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous. Alors vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’au bout du monde. »

Jésus part alors rejoindre le Père, le Saint Esprit n’est pas encore descendu… que faire ? Attendre ou partir tout de suite en mission ?

Luc raconte que le groupe descend alors du mont des Oliviers jusqu’à Jérusalem, retrouve son GQ dans la chambre haute. Et là, « 14Tous prient fidèlement d’un seul cœur ».

On peut s’étonner : est-ce que les anges ne leur ont dit de « ne pas rester là à regarder le ciel » ? Est-ce que ce n’est pas ça pourtant qu’ils sont en train de faire, en se mettant à prier ?

On peut penser en effet que prier, c’est juste regarder le ciel, garder la tête dans les nuages, en attendant passivement que Dieu agisse. Une fuite du réel, tout sauf de l’action, de l’engagement. Est-ce que le Seigneur ne les a pas envoyés en mission, ces apôtres ?

C’est vrai que parfois, on a l’impression que prier, c’est un peu fuir ses responsabilités… ne plus avoir les pieds sur terre.

Qui n’a pas ressenti de la culpabilité en disant à quelqu’un qui souffre et pour qui on ne sait pas quoi faire : « je vais prier pour toi ? ». Ça peut être une façon parfois de se retirer poliment, de fuir la réalité qui nous gêne... sauf si on s’engage derrière à prier activement, en effet.

Alors on prie les pieds sur terre !

Et c’est bien ce que font les disciples ici : leur prière est engagée et engageante.

En priant, ils ne sont pas en train de fuir la réalité, mais de se préparer à la changer, avec Dieu. Ils ne choisissent pas entre attendre et agir, ils attendent en agissant, en priant.

Et cette prière change leur attente en gestation, en préparation à de nouvelles réalités. Cette prière ouvre leurs cœurs à ce que Dieu va faire, elle les prépare aussi à agir avec lui.

Une prière communautaire engagée

De fait, au v. 14, Luc précise trois choses importantes sur cette prière : « tous priaient fidèlement d’un seul cœur ».

Tous étaient assidus à la prière

« Tous / tous ensemble étaient assidus à la prière », d’abord : ce n’est pas pour rien que Luc fait la liste de tous ceux qui sont là, et prient ensemble : les douze apôtres, mais aussi Marie, et des femmes anonymes… et même les frères de Jésus, ceux qui ne croyaient pas en lui et le prenaient pour un fou ! Ca signifie que la prière n’est pas une affaire de spécialistes ou de supers chrétiens mais celle de tous les croyants. Tous prient, les croyants de la première heure et ceux de la dernière, les leaders et les discrets…

Ce qui les unit, c’est Jésus. Ils savent qu’il les a appelés, qu’ils sont à lui, et cette assurance les ancre. Ils cherchent sa présence. Et c’est en son nom qu’ils se tournent vers Dieu, comme nous le faisons encore en priant « au nom de Jésus ».

De fait, la prière des apôtres n’est pas plus importante que celle des autres croyants ici.

Et c’est la même chose pour nous : la prière des pasteurs, des responsables… n’a pas une « efficacité » particulière. C’est tous ensemble que le Seigneur nous appelle à le prier, avec foi, avec ferveur.

Tous étaient assidus

Tous prient, donc, et prient « fidèlement », avec assiduité. Ils ne se sont pas contentés d'une seule prière ou de prières occasionnelles, mais ils s'y adonnaient régulièrement et avec persévérance.

Ça ne veut pas dire que Dieu exauce davantage ceux qui prient beaucoup : en Matthieu 6.7 Jésus dénonce précisément ceux qui espèrent être exaucés à force de répéter.

Ici il ne s’agit pas de prières répétitives mais persévérantes, c’est différent. Pas de répétition mécanique !

Luc ne dit rien du contenu de leurs prières, mais le contexte nous permet de penser qu’ils devaient prier pour la venue du St Esprit, que Jésus leur avait promise. Ils se préparaient donc spirituellement pour recevoir cette puissance divine dont ils ne savaient pas grand-chose, ils priaient en s’appuyant sur les promesses de Jésus et ses commandements – « vous serez mes témoins ».
Nous pouvons prier nous aussi sur la base des promesses de Dieu, nourrir nos prières de ces promesses – attente légitime que Dieu agisse comme il l’a promis !

Ils devaient aussi prier pour que Dieu leur accorde la force pour être ses témoins, et aussi la sagesse et la direction dans leurs prises de décision. En effet, en Actes 1.15-26, juste après, les disciples ont choisi Matthias pour remplacer Judas parmi les douze apôtres.

Enfin, après l'ascension de Jésus, il était certainement naturel pour eux de prier pour un renouvellement de leur foi et de leur espérance, tout en cherchant la force pour la mission à venir.

Nous pouvons demander cela nous aussi, car la même mission de témoignage nous est confiée.  

Souvent nous voulons bien nous engager dans la prière, mais au bout de 2 mn nous ne savons plus quoi dire à Dieu… voilà pourtant de quoi faire ! Cela demande du temps de mûrir toutes ces choses, et cela peut se faire dans une prière qui n’est pas juste l’énoncé d’une liste de demande, mais une réflexion faite devant Dieu, avec Dieu.

C’est très différent d’une répétition mécanique de paroles : on dialogue avec Dieu, on lui parle et on l’écoute.

Prière engagée, donc : prier en prenant le temps, dans la durée, sur une période, c’est bien une action qui engage notre foi, et qui nous engage nous-mêmes, et nous orientant et nous préparant à ce que Dieu prépare dans la suite, comme les disciples se préparaient ici à recevoir le St Esprit et à partir en mission. 

Car quand je prie pour que Dieu agisse dans un domaine ou dans la vie de quelqu’un, cela me prépare à accueillir ce qu’il va faire… et à y participer !

Quand nous prions pour quelqu’un, Dieu nous dispose à l’aimer et nous inspire des façons de le faire concrètement.

Quand nous prions pour un projet, il nous prépare à y participer de façon plus ajustée.

Attention donc quand nous prions : il est fort possible que Dieu nous demande de faire partie de la réponse à nos propres prières !

Prière engagée, et engageante, donc.

Prier d’un seul cœur

Enfin, le groupe de disciples prie « d’un seul cœur ». Chacun étant animé du même désir de chercher Dieu ensemble : avons-nous ce même désir ?

Pour persévérer dans la prière, mieux vaut le faire à plusieurs, pour se soutenir, s’encourager, se relayer aussi.

Quand prions-nous ensemble et dans la durée dans l’Eglise ?

Je suis conscient que prier ensemble, c’est un défi pour nous qui vivons assez loin les uns des autres.

Pendant le culte, il y a un temps de prière. Une fois par mois, une halte prière réunit 6 ou 7 personnes…

Comment pouvons-nous faire ? Commencer à prier régulièrement à 2 ou 3, peut-être ?

Partageons nos idées !

Oui, une prière régulière, persévérante change notre attente en gestation, ouvre nos cœurs à ce que Dieu va faire et nous prépare à agir avec lui.

La suite va montrer les fruits de la prière des disciples. Le choix de Matthias pour remplacer Judas s’avèrera judicieux. Et c’est sur les croyants en train de prier que l’Esprit va descendre. Peut-être parce qu’ils étaient disponibles, actifs dans l’attente.

Alors chers frères et sœurs, et si nous nous vivons ensemble, d’un même cœur, cette prière engagée et engageante ?

Pour que le Seigneur nous conduise, nous équipe, agisse dans nos vies, notre Eglise, notre entourage…

Qu’il inspire notre engagement et notre témoignage.

Nous pouvons nous engager avec confiance et audace, car Jésus, notre Sauveur et notre frère, est monté auprès du Père où il reçu le pouvoir sur tout ce qui existe – nos vies, ce quartier, cette ville, cette région, ce monde… il est puissant pour bénir et sauver !

Que son Esprit vienne au secours de notre faiblesse, qu’il inspire nos prières et nous équipe pour sa mission.

A lui seul soit la gloire !

Amen 

Question

Comment concrètement pouvons-nous prier « tous, fidèlement, d’un seul cœur » dans l’Eglise où nous sommes engagés ?

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