Prédication du 5 janvier 2025 - Jean 12.20-28 - Semer nos vies !
Dans cette bouteille, il y a 25550
grains de blé. Un pour chaque jour de vie, de la naissance à 70 ans.
25550 jours. Comment les vivre ?
La question peut être plus ou moins angoissante, selon qu’on pense avoir un
bocal plein, que la moitié est déjà vide, voire plus… Il peut arriver qu’on
apprenne soudain que ce bocal qu’on croyait encore bien rempli ne contient plus
que quelques grains pour nous…
Ainsi, plus
le temps passe, plus chaque grain devient précieux. On voudrait pouvoir les
retenir, les garder à l’abri du bocal…
Une
nouvelle année commence : de quoi cette année va-t’elle être faite ?
Nous sommes là ce matin, chacun avec nos espoirs, nos craintes, nos projets…
Chaque
jour qui passera sera un don, de la part de Dieu, notre Créateur.
25550 jours. Comment les
vivre ?
La
Bible nous invite à tourner les yeux vers Jésus pour chercher une réponse.
Qu’a-t’il
fait, lui, des jours qui lui étaient donnés ?
Pour
répondre à cette question, il utilise justement l’image du grain.
Ecoutons
ce passage de l’Evangile de Jean, chapitre 12.
Jésus
se trouve à Jérusalem, quelques jours avant sa mort.
Lecture : Jean 12.20-28
20
Il y avait quelques Grecs parmi
les gens qui étaient montés pour adorer pendant la fête.
21
S'étant approchés de Philippe,
qui était de Bethsaïda, en Galilée, ils lui demandaient : Seigneur, nous
voudrions voir Jésus.
22
Philippe vient le dire à
André ; André et Philippe viennent le dire à Jésus.
23
Jésus leur répond :
L'heure est venue où le Fils de l'homme doit être glorifié. /
24
Amen, amen, je vous le
dis, si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt, il demeure seul ;
mais s'il meurt, il porte beaucoup de fruit.
25
Celui qui tient à sa vie la
perd, et celui qui ne tient pas à sa vie dans ce monde la gardera pour la vie
éternelle.
26
Si quelqu'un veut me servir,
qu'il me suive, et là où moi, je suis, là aussi sera mon serviteur. Si
quelqu'un veut me servir, c'est le Père qui l'honorera.
27
Maintenant je suis
troublé. Et que dirai-je ? Père, sauve-moi de cette heure ?
Mais c'est pour cela que je suis venu en cette heure. 28 Père, glorifie ton nom !
Pendant 30 ans, Jésus a vu défiler les grains
de blé de sa vie, jusqu’à ce jour où des non-juifs désirent lui parler :
c’est un signe que l’heure de sa mort est venue, l’accomplissement des
prophéties : la gloire du Messie commence à attirer à Jérusalem des
gens de tous les peuples, bien au-delà d’Israël.
« L'heure est venue où le Fils de l'homme doit être glorifié » - Oui, la gloire de Dieu va se manifester, mais d’une façon totalement inattendue : à travers les souffrances et la mort de Jésus, évoquées au verset 24 : il est ce grain de blé qui doit tomber en terre, mourir… pour permettre à d’autres grains de germer à leur tour, pour une vie nouvelle !
Et voilà à quoi il nous invite nous
aussi : à donner nos vies comme il l’a fait, à les « semer »
pour la bénédiction des autres.
Jésus vient « semer » sa vie pour nous
23 Jésus leur répond : L'heure est venue où le Fils de l'homme
doit être glorifié.
24 Amen, amen, je vous le dis, si le grain de blé ne tombe en
terre et ne meurt, il demeure seul ; mais s'il meurt, il porte beaucoup de
fruit.
Ce jour-là, à Jérusalem, Jésus voit arriver le moment vers lequel toute son existence a été tendue, depuis sa naissance : « Maintenant je suis troublé. Et que dirai-je ? Père, sauve-moi de cette heure ? Mais c'est pour cela que je suis venu en cette heure ».
Comme
chacun de nous, Jésus aime vivre, et la pensée de mourir, de souffrir,
le bouleverse – il est « troublé.
Mais une pensée ici l’aide à tenir le cap de l’obéissance à Dieu : s’il renonce, s’il choisit de garder les grains de sa vie dans un bocal rassurant, quelle fécondité aura eu son passage sur terre ? L’amour pour nous au contraire va le pousser à accepter de mourir pour « porter beaucoup de fruits ». Sa vie est tout entière tendue vers ce don de soi : « c'est pour cela que je suis venu ».
De même, quand nous pensons à notre vie qui défile, il est naturel d’être troublé – nous voulons vivre ! Mais l’Evangile nous invite à ce changement de regard : au lieu de regarder la vie que nous perdons, considérer la vie que nous pouvons produire, ce que nous pouvons semer de bon pour aider les autres à s’épanouir.
Oui, en regardant le grain de ce jour qui nous est donné, nous pouvons voir un simple grain, que nous allons perdre - mais nous pouvons aussi voir l’épi et même le champ de blé et même le pain présents en germe dans ce grain – tout ce que nous pouvons offrir aux autres, pour que nos vies semées produisent plus de vie chez les autres.
Que
choisissons-nous de voir ?
Nous vivons de sa vie
brisée et semée
La
question, déjà, nous est posée devant la mort de Jésus sur la croix : que
voyons-nous ? L’échec d’un leader populaire ? La mort d’un
idéaliste ? Un point final atroce ?
Ou l’amour de Dieu venu ouvrir nos vies à la sienne ?
Avant
même sa mort, Jésus prépare ses disciples à voir, derrière ce supplice qu’il va
subir, une autre réalité : quelque chose de nouveau va naître de cette mort.
Au-delà, le grain semé va germer, comme Jésus le dit quelques versets plus loin :
« 32 Quand j'aurai été élevé de la terre,
j'attirerai tous les hommes à moi.
33 Il disait cela pour signifier de quelle mort il allait mourir ».
Jésus
va être physiquement « élevé » en étant mis sur une croix, mais cela
préfigurera l’élévation qu’il va vivre ensuite : image de la
résurrection, de sa montée en gloire à la droite de Dieu, où il recevra
l’autorité sur toute la Création.
Image du salut aussi : le grain semé va germer, pour la vie d’un grand nombre de personnes.
Ainsi,
à quelques jours de son supplice, Jésus a les yeux fixés par delà de la
souffrance qui l’attend sur l’immense moisson d’hommes et de femmes que
Dieu a prévu de produire à travers son sacrifice.
« Si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt, il demeure seul ; mais s'il meurt, il porte beaucoup de fruit ».
Grâce
à cet acte unique, historique, qu’est le sacrifice de Jésus, survenu il y a
deux mille ans, nous pouvons vivre une vie nouvelle encore aujourd’hui
Si nous acceptons ce don, nos jours éphémères se multiplient en vie éternelle, avec la promesse d’une vie abondante dès aujourd’hui, portée par l’action du Saint-Esprit.
Pour
cela, il nous faut croire et accueillir ce cadeau : où en sommes-nous,
chacun ?
Comme Jésus, semer notre vie
Voilà donc le sens de la croix, un mystère à contempler et croire… mais pas seulement : car aux versets 25 et 26, Jésus nous appelle aussi à l’imiter en donnant nos vies nous aussi, comme il l’a fait.
25 Celui qui tient à sa vie la perd, et celui qui ne tient pas à sa
vie dans ce monde la gardera pour la vie éternelle.
26 Si quelqu'un veut me servir, qu'il me suive, et là où moi, je
suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu'un veut me servir, c'est le Père
qui l'honorera.
L’art de vivre, c’est l’art de donner
Jésus
exprime ici cette loi du don de soi qui est au cœur de son enseignement.
Le disciple de Jésus ne doit pas chercher à « sauver sa vie » en la gardant pour lui-même, en se focalisant sur son propre bonheur, mais au contraire la centrer sur l’amour, le service des autres, le partage… ce qui rend une vie pleine et féconde !
Voici comment nous savons ce qu'est l'amour :
Jésus Christ a donné sa vie pour nous. Nous aussi, nous devons donner notre vie
pour nos frères et nos sœurs.
1 Jean 3.16
Donner
est ainsi placé au centre de notre vie, ce qui permet d’affirmer que l’art
de vivre, selon Jésus, c’est l’art de donner. De se donner, de donner son
temps.
A la question : que vais-je faire de tous ces grains de temps que Dieu m’accorde ? – Jésus répond : donne-les. Sème-les. Parce que « donner, c’est posséder vraiment », disait Spurgeon.
Le meilleur profit que nous puissions
tirer de nos jours est donc de les placer sous le signe du don.
Partager nos grains de temps plutôt qu’essayer de les préserver à tout prix.
Voilà la vie qui plaît à Dieu, une vie qui porte du fruit :
« C'est partager ton pain avec celui qui a faim, c'est ouvrir
ta maison aux pauvres et aux déracinés, c'est fournir un vêtement à celui qui
n'en a pas, c'est ne pas te détourner de celui qui est ton frère.… si tu
partages ton pain avec celui qui a faim, si tu réponds aux besoins du
malheureux, alors la lumière chassera l'obscurité où tu vis. Au lieu de vivre
dans la nuit, tu seras comme en plein midi.
Le Seigneur restera ton guide ; même en plein désert, il te rassasiera et te rendra des forces. Tu seras comme un jardin bien arrosé, comme une fontaine abondante dont l'eau ne tarit pas » (Esaïe 58.6-11)
On ne parle pas ici simplement de l’engagement dans les services de l’Église, ou pour de grandes causes mais de notre vie entière, dans ce qu’elle a de quotidien, de banal.
C’est là où nous sommes déjà – notre famille, notre réseau, notre travail – que nous sommes appelés à vivre le don de nous-mêmes, selon la jolie formule d’Ann Voskamp :
Deviens le cadeau dont le monde a besoin.
De quoi ceux qui m’entourent ont-ils besoin ? Et qu’est-ce que Dieu m’a confié, pour que je le partage avec eux – du temps, de l’argent, une présence, des choses que je sais faire… ?
Ne soyons pas naïfs : l’exemple de Jésus nous montre que ce mouvement du don est toujours risqué, et qu’il nous faut assumer ce risque: si Jésus, dont l’amour était parfait, a été rejeté, cela nous arrivera aussi. Nous ouvrirons notre cœur à des gens qui en profiteront pour nous blesser profondément ou mépriserons ce que nous aurons offert ; nous courrons le risque de ne plus avoir assez pour nous-mêmes, de ne pas avoir de retour…
Mais dans ces efforts pour « semer nos vies », une double promesse nous est faite :
26 Si quelqu'un veut me servir, qu'il me suive, et là où moi, je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu'un veut me servir, c'est le Père qui l'honorera.
Double
promesse : Jésus garantit qu’il sera avec nous dans tout cela, et
le Père garantit qu’avec lui, nous ne donnerons pas notre vie pour rien.
Il a ressuscité Jésus et l’a élevé auprès de lui, et il fera la même chose pour
nous !
Si les autres ne comprennent pas, Dieu lui nous « honorera », avec justice et amour.
Parfois,
en ne risquant rien… on risque tout !
« Celui qui tient (trop) à sa vie la perdra »…
L’amour
est toujours un risque… mais Dieu lui-même en est le garant !
Alors
combien des 25550 jours nous reste-t’il à vivre ? Nous ne le savons
pas.
Mais,
comme Jésus nous y appelle, que nous puissions faire de chacun d’eux un don
d’amour pour ceux qui nous entourent.
Il n’y a pas de recette unique pour cela, et chaque jour amène des opportunités particulières de faire le bien, de faire du bien. De bénir.
A chacun de nous de voir ce qu’il peut donner, et comment.
Que par son Esprit, le Christ
nous guide et nous donne la force nécessaire pour cela, tout au long des
jours qu’il nous accordera de vivre.
Amen
QUESTIONS
Je peux remettre à Jésus-Christ, le Seigneur ressuscité, les jours
qui sont devant moi, pour qu’il m’aide à en faire quelque chose de fécond, qui
produise des fruits …
Comment vais-je « semer ma vie », cette année ? Que
vais-je donner ? A qui ?
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