Prédication du 27 juillet 2025 - Matthieu 11.2-11 - Es-tu celui qui doit venir ?

 



Matthieu 11.2-11

1Lorsque Jésus eut achevé de donner ces instructions à ses douze disciples, il partit de là pour enseigner et proclamer dans les villes de la région.

2Jean le baptiste, dans sa prison, entendit parler des œuvres du Christ. Il envoya ses disciples 3demander à Jésus : « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? » 4Jésus leur répondit : « Allez raconter à Jean ce que vous entendez et voyez : 5les aveugles retrouvent la vue, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés de leur lèpre, les sourds entendent, les morts ressuscitent et la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres. 6Heureux celui qui n'abandonnera pas la foi à cause de moi ! »

7Après le départ des disciples de Jean, Jésus se mit à parler de celui-ci à la foule en disant : « Qu'êtes-vous allés voir au désert ? un roseau agité par le vent ? 8Alors qu'êtes-vous allés voir ? un homme vêtu d'habits magnifiques ? Mais les personnes qui portent des habits magnifiques se trouvent dans les palais des rois. 9Qu'êtes-vous donc allés voir ? un prophète ? Oui, vous dis-je, et même bien plus qu'un prophète. 10Car Jean est celui dont l'Écriture déclare : “Voici que j'envoie mon messager devant toi, pour t'ouvrir le chemin.” 11Je vous le déclare, c'est la vérité : parmi les humains, il n'a jamais existé personne de plus grand que Jean le baptiste ; pourtant, celui qui est le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que lui.

 

 

Il y a bien des choses incroyables dans les Evangiles, en particulier dans les chapitres qui précédent ce passage, où Matthieu a rapporté la guérison d’un paralytique, de deux démoniaques, d’un muet, d’un aveugle, et, point culminant, le rappel à la vie d’une jeune fille !

Jusqu’à cet autre évenement qu’on n’aurait pas cru possible : voilà Jean-Baptiste qui, soudain, doute de Jésus : « es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? ».


C’est incroyable : comment ? Jean-Baptiste, douter ?

 Pourtant, s’il y a quelqu’un à qui Dieu a accordé des révélations imparables, c’est bien lui ! Lui l’enfant prophète « rempli de l’Esprit dès le ventre de sa mère » ; lui le cousin de Jésus, lui qui l’a baptisé et qui était là quand la voix du Père a résonné au-dessus du Jourdain : « celui-ci est mon Fils bien aimé. Ecoutez-le ! ».

Moment de gloire, de puissance. Avec ce ciel ouvert, c’est tout l’horizon qui s’ouvrait pour le Baptiste. Enfin le Messie était là, et tout était possible désormais.

Sous ses yeux s’accomplissait, ce qu’Esaïe avait annoncé (35) :

       3Rendez la force aux bras fatigués, affermissez les genoux qui chancellent. 4Dites à ceux qui perdent courage : « Ressaisissez-vous, n'ayez pas peur, voici votre Dieu ! Il vient vous venger et rendre à vos ennemis le mal qu'ils vous ont fait, il vient lui-même vous sauver. »

Jean-Baptiste portait cette parole de jugement et d’espérance avec toute la puissance de sa personnalité et de sa foi…

Mais maintenant, dans la prison où Hérode l’a jeté, il n’est plus aussi sûr : « Es-tu le Messie qui doit venir ou devons-nous attendre quelqu'un d'autre ? »

Cette question qu’il adresse à Jésus résonne d’autres questions non formulées, plus personnelles : et si je m’étais trompé ? Si tout cela n’était qu’une illusion ? Ces promesses qui se réalisent… est-ce reel ? Dieu est-il vraiment là, avec nous? Avec moi ?

Où est le Seigneur ?

Qui ne connait pas ces questions ?

Ces questions pleines de doutes… qui font mal, parce qu’elles nous laissent nus et vulnérables.

Ces questions pleines de doutes… qui font peur, parce qu’elles font vaciller nos remparts de certitudes.

Ces questions qu’on a tendance à évacuer le plus vite possible hors de nos pensées, parce qu’elles font peur, parce qu’on en a honte…

On les évacue, et on les recouvre d’explications qui rassurent : ah, pauvre Jean-Baptiste ! Mais non, il ne doute pas vraiment, c’est la fatigue, sans doute, qui le fait dire ça, la solitude, un moment de faiblesse…

La solitude ? Ce serait étonnant, la solitude est l’élément naturel de Jean-Baptiste, dont les Evangiles disent qu’il a « grandi dans le désert », où il a vécu en ermite.

Mais un moment de faiblesse, oui, sans doute. Parce que si le désert était plein de la présence de Dieu, plein d’espérance, sa prison ressemble à une voie sans issue, avec les murs autour de lui qui bouchent l’avenir, le séparent de Jésus… et le plongent dans un doute qu’il ne peut pas et ne veut pas esquiver : « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ?

 

Si Jean-Baptiste, l’homme le plus grand qui ait vécu d’après Jésus lui-même… doute, ça veut dire à la fois que personne n’est à l’abri, et qu’il n’y a pas de honte à douter, au contraire : car c’est parce qu’il ose formuler ce doute à Jésus qu’un nouveau chemin va s’ouvrir pour la foi de Jean-Baptiste.

Un doute qui ouvre de nouveaux chemins pour la foi

En effet, si Jean- Baptiste doute, c’est parce qu’il y a un décalage entre les évènements et l’idée qu’il s’est faite de Dieu et de ses intentions.

Il semble que Jean-Baptiste attende un messie qui soit d’abord un juge puissant, qui vienne trancher dans le mal et châtier les infidèles. Un messie qui incarne sa vision à lui du juif parfait, quelqu’un qui respecte parfaitement la Loi de Moïse, ses rites, ses pratiques.
Or, voilà que Jésus, non seulement ne jeûne pas comme l’a fait Jean, mais dîne avec des infidèles, et fait des miracles qui ne sont pas des actes de châtiment - mais de grâce et de libération !

Ce qui se passe ne colle donc pas avec ce que Jean-Baptiste attendait, avec son interprétation de la Parole de Dieu, et ça le déstabilise.

Nous sommes tous confrontés à ces moments où Dieu n’agit pas comme nous l’avions prévu, imaginé… et ça nous trouble, et on doute.

Douter de Dieu n’est pas le problème ; la Bible est pleine d’histoires de doute, de prières de doute.

Le problème c’est de laisser le doute nous emprisonner. Nous retenir entre quatre murs et boucher nos horizons, notre espérance. 

Plutôt que de fuir le doute, il est bon d’oser l’adresser directement à Dieu, comme le fait le Baptiste ici : « es-tu celui qui doit venir ? ».

Lui passe par ses disciples, nous pouvons le faire directement dans la prière.

Alors, loin de reprocher cette question à son cousin, Jésus va lui offrir une nouvelle révélation, un nouveau chemin pour sa foi : il répond en renvoyant aux fameux miracles… ceux qui déroutent justement Jean-Baptiste !!

Mais en ajoutant quelque chose de plus : sa réponse est la suite du passage d’Esaïe évoqué tout à l’heure :

5Alors les yeux des aveugles s'ouvriront, et les oreilles des sourds entendront. 6Alors le boiteux bondira comme un cerf et le muet exprimera sa joie. Car de l'eau jaillira dans le désert, des torrents ruisselleront dans le pays sec.

Jésus ne dit pas explicitement qu’il est bien le Messie : d’abord, ce serait s’exposer à une mise à mort pour blasphème. Et puis Jésus n’impose jamais la réalité de sa divinité : il la propose à notre foi, pour que nous prenions notre propre décision.

Ainsi, en citant Esaïe, Jésus laisse Jean décider, sur la foi des Ecritures, s’il est bien le Messie attendu : est-ce que les miracles qu’il accomplit ne sont pas ceux que le prophète annonçait ? Est-ce qu’ils ne sont pas le signe que Dieu est venu, qu’il est là, au milieu de son peuple ?

Ces paroles inspirées viennent d’elles même élargir la vision que Jean-Baptiste s’était faite, et ouvrir un nouveau chemin pour sa foi.

Dans le même temps, Jésus révéle Jean-Baptiste à lui-même : il est bien cette « voix qui crie dans le désert ». Quel encouragement ! Ca veut dire que l’engagement qui l’a conduit en prison n’était pas vain, au contraire : Dieu agit par Jean-Baptiste comme par son cousin ! S’il y a des épreuves dans la mission, la conclusion sera heureuse : 6Heureux celui qui n'abandonnera pas la foi à cause de moi ! ». Jean-Baptiste est le premier visé ici, mais cela nous rejoint aussi : heureux !

 

Oui, aujourd’hui comme hier, la foi nous permet d’affirmer qu’en dépit des apparences immédiates, le bonheur et la justice vaincront. Que Dieu est bien parmi nous, et qu’il est possible de retrouver l’espérance !

 

La foi, un doute surmonté

Quelqu’un a dit : « la foi est un doute surmonté ». Parce qu’il ne laisse pas le doute l’enfermer, Jean-Baptiste se voit offrir une nouvelle perspective, à la lumière de la Parole de Dieu. Cela ne change pas sa réalité : il va mourir dans cette prison. Mais sans doute mourra-t’il plus en paix, plus proche de son Dieu.

Avec une espérance plus vaste que les murs de sa cellule.

Encore une fois, si Jean-Baptiste, l’homme « le plus grand qui ait jamais existé », d’après Jésus, a douté, rien d’étonnant à ce que nous doutions nous aussi.

Ces moments de faiblesse nous rappellent que nous sommes non des héros de la foi, mais ces « pauvres », ces « boiteux » et ces « aveugles » pour qui Dieu a envoyé son Fils.

Nous sommes l’objet de son œuvre de salut, de son attention, de son amour…

Et portés par son Esprit, nous les plus petits dans le Royaume des cieux, nous sommes plus grands que Jean-Baptiste !

Alors quand la réalité vient bousculer notre foi, notre image de Dieu et de nous-mêmes, ne fuyons pas les questions, les doutes. Ne les laissons pas nous enfermer : portons-les vers le Seigneur.

C’est lui notre espérance. Par son Esprit, par Sa Parole, dans son amour… il saura « rendre la force aux bras fatigués », affermit « les genoux qui chancellent’ et nous redonner courage et espérance. 

 « Ressaisissez vous, n'ayez pas peur, voici votre Dieu ! »

Amen

 

 

 

 

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