Prédication du 9 février 2025 - 1 Pierre 1.1-2 : Dieu avec son Église, partout, tout le temps !

 


Une nouvelle semaine commence pour Alice, un lundi matin sur les chapeaux de roue, comme toujours. Prise dans les bouchons sur la rocade sud, elle se réveille doucement. Elle repense au culte d’hier, qui lui a fait du bien, comme souvent depuis toutes ces années de vie chrétienne. Le temps de louange, les discussions avec les frères et sœurs… De quoi parlait le sermon, déjà ? Tout ça semble déjà loin, déjà un flot de choses à gérer envahit ses pensées.

Pourtant Alice voudrait vivre toute sa vie avec Dieu. Elle croit que le Seigneur est présent avec elle.  Elle voudrait être une vraie disciple de Jésus, et vivre partout et tout le temps avec lui… Mais ce n’est pas facile.

Par exemple, Alice se sent un peu coupable de ne pas avoir pris le temps de prier avant de partir.

Elle se dit qu’elle devrait aller plus souvent aux réunions de l’Eglise, mais c’est vrai qu’il y a tellement de choses à faire rentrer dans une journée un autre sentiment de culpabilité la traverse.

Seigneur, comment vivre avec toi 7 jours sur 7 ?

Il y a un passage de la Bible qui pourrait encourager Alice, parce qu’il l’aiderait à regarder différemment sa situation de chrétienne au milieu du monde, ce lundi matin.

Un passage que nous allons méditer ensemble ce matin.

1 Pierre 1.1-2

1 Pierre, apôtre de Jésus-Christ, à ceux qui ont été choisis et qui vivent en étrangers dans la dispersion — dans le Pont, en Galatie, en Cappadoce, en Asie et en Bithynie — 2 Dieu, le Père, vous a choisis d'avance selon un projet qui est le sien ; il vous fait vivre pour Dieu, grâce à l'Esprit saint, pour que vous obéissiez à Jésus Christ et que vous soyez purifiés par le sang qu'il a versé : Que la grâce et la paix vous soient données en abondance !

 

Quel rapport entre ces quelques lignes, pleines de noms inconnus, et la vie d’Alice ?

C’est que Pierre s’adresse ici à des chrétiens qui, comme elle, vivent leur foi un peu isolés les uns des autres au milieu du monde. Précisément, les croyants auxquels Pierre écrit sont disséminés dans une vaste région (qui correspond à la Turquie moderne). Comme Alice… comme nous tous ! Ils vivent en minorité au sein d’une société païenne étrangère à l’Évangile.  



Parce qu’ils refusent de se soumettre au culte de l’Empereur, qu’ils ne suivent pas toutes les coutumes de leur société, ces chrétiens se retrouvent en porte à faux et subissent des pressions.

Pour les encourager et les édifier, Pierre va commencer en leur rappelant leur identité devant Dieu. Pierre veut qu’ils comprennent ce que cela signifie d'être l'Eglise, afin qu’ils puissent tenir bon et assumer la vocation que Dieu leur a adressée partout et tout le temps.

Et pour cela, l’apôtre formule ici trois vérités essentielles qui nous concernent aussi, nous chrétiens de 2025, en Vaucluse :

-       Ils sont choisis par Dieu !

-      Même s’ils sont aujourd’hui étrangers et dispersés dans le monde, Dieu connait leur situation et elle n’est pas simplement le fruit du hasard.

-   Et Dieu est pleinement présent avec eux partout où ils sont, pour les rendre capables d’assumer leur vocation de disciples de Jésus-Christ là où ils passent leurs journées

    Ces quelques versets peuvent aussi nous aider à comprendre notre situation de chrétiens aujourd’hui et nous encourager dans notre engagement de disciples au quotidien.

 

L’Eglise, un peuple choisi par Dieu

Première affirmation-clé donc : vous êtes les élus de Dieu : « Pierre, apôtre de Jésus-Christ, à ceux qui ont été choisis » ; une idée reprise au v.2 : « Dieu, le Père, vous a choisis d'avance selon un projet qui est le sien ».

L’apôtre est particulièrement attaché à ce thème de l’élection sur lequel il revient souvent. Il faut dire que lui-même a été choisi et appelé par Jésus, qui est venu le rencontrer sur la route Damas, alors qu’il ne s’y attendait pas… Paul sait ce qu’est l’amour et le pardon immérités de Dieu, ils sont le fondement de sa foi, son assise, son repos…

L’Eglise est ce peuple de gens mystérieusement appelés par Dieu et qui ont choisi d’accepter cet appel, cet amour.

Ce choix de Dieu, mystérieux, cet accueil de Dieu malgré nos pauvretés, nos chutes, nos égarements - rajoutons : malgré le peu de temps que nous lui consacrons dans nos journées… malgré l’imperfection de notre engagement pour lui, malgré nos pensées mêlées, nos coeurs partagés…est à la fois un sujet de joie, de reconnaissance… et une sécurité, un ancrage dans ce monde.

C’est aussi une marque de l’amour de Dieu notre Père, comme Paul le rappelle au début de sa lettre aux Ephésiens : 

« Avant la création du monde, Dieu nous a déjà choisis pour être à lui par le Christ, afin que nous fassions ce que Dieu veut et que nous soyons sans défaut à ses yeux. Dans son amour,

Dieu a décidé par avance qu'il ferait de nous ses enfants par Jésus Christ ; dans sa bienveillance, voilà ce qu'il a voulu ».

Jésus-Christ a donné sa vie pour que nous puissions ainsi être intégrés au peuple de Dieu.

Alors au milieu des mille préoccupations de la vie, lorsque nous avons le sentiment de ne pas être d’assez « bons chrétiens », de ne pas faire assez pour Dieu… que cette affirmation soit une ancre pour nous. Parce que Dieu nous a choisis le premier, en connaissance de cause, nous ne pouvons pas le décevoir ni le décourager de nous aimer ; il est fidèle, il sait ce que nous vivons et nos vies comptent pour lui, comme elles sont.

Et il y est présent, pour veiller sur nous.

Une Eglise dispersée…

Il est présent partout et tout le temps avec nous, même quand nous sommes « dispersés » dans nos vies la semaine. C’est la 2e idée importante formulée par Pierre ici qui s’adresse donc « à ceux qui ont été choisis et qui vivent en étrangers dans la dispersion ».

Le mot traduit par « dispersion » est diaspora. Pierre utilise volontairement ce mot qui rappelle l’exil, catastrophe majeure de l’histoire d’Israël - quand Israël a perdu sa terre et que beaucoup ont été exilés à Babylone. Au début, les juifs exilés espéraient un retour rapide. Mais les prophètes leur ont dit que la plupart ne reviendraient pas, mais que leur appel était de ne pas se laisser assimiler par la culture babylonienne et d’être une bénédiction là où ils étaient (Jérémie 29.7 : « Recherchez la paix de la ville où je vous ai exilés » ; histoire de Daniel).

Pierre fait allusion à tout cela, qui définit aussi notre vocation aujourd’hui.

Nous sommes nous aussi dispersés la plupart du temps, et en décalage avec la culture de notre époque.

Dispersés, parce que nous ne passons pas tout notre temps avec d'autres chrétiens.

Nous nous rassemblons régulièrement, et là nous nous rappelons l’Evangile, le plan de Dieu, le sens de l’histoire et notre identité de peuple de Dieu. Nous nous encourageons à croire, servir et espérer.

Mais le reste du temps, nous vivons comme en exil dans une société qui ne croit pas à tout cela.



Nous sommes peut-être les seuls disciples de Jésus à la maison, au travail, ou dans nos classes.

Cette situation peut nous mettre en tension avec notre environnement– sur le plan éthique, notamment… créer aussi une tension entre notre vocation de prière et de service et le rythme de la société qui s’accapare notre temps et notre espace mental…

Tout cela n’est pas un hasard, mais une situation que Dieu connait et qu’il a permise, pour que nous puissions y briller, bénir la société où nous sommes, être signes du Royaume et témoins de Jésus-Christ.

Si notre appartenance au royaume de Dieu fait de nous des « étrangers », dit Pierre, des gens de passage...

dans cet inconfort, nous sommes là où Dieu nous veut, car c’est par notre différence, notre « étrangeté », que nous pouvons interpeller le monde et diffuser le bon « goût salé » de l’Évangile.

Pierre le redit plus loin, en 2.11 :

« 11Amis très chers, vous êtes des gens de passage et des étrangers sur cette terre. C’est pourquoi je vous le demande : ne suivez pas les désirs mauvais qui luttent contre vous. 12Au milieu de ceux qui ne connaissent pas Dieu, ayez une belle conduite ».

Cette situation de dispersion et de décalage avec les personnes qui ne croient pas est la condition que Dieu a voulue pour son Eglise et c’est comme cela qu’il nous appelle à suivre le Christ. Pas seulement en allant à l’église le dimanche, mais aussi toute la semaine, quand nous sommes « dispersés ».

C’est ainsi que nous avons à remplir notre double vocation de témoins « missionnaire » et « créationnelle ».

Missionnaire – car nous sommes appelés à témoigner de l’Evangile autour de nous.

Créationnelle – car notre vocation de disciple est aussi « d’avoir une belle conduite », c’est-à-dire de vivre notre vie humaine selon Christ, d’une façon renouvelée – travailler sérieusement, faire le bien, agir pour la justice, bénir ceux qui nous entourent… pas seulement comme prétextes pour parler de l’Evangile mais parce que faire le bien, c’est bien !

 

Tout cela est beau… mais difficile ! Comment relever un tel défi ? Pierre finit ces quelques versets par une dernière affirmation, qui est source d’encouragement : Dieu s’y engage avec nous dans toute sa plénitude !

Ce sera notre dernier point.

Un Dieu présent à nos côtés, partout, tout le temps

« 2 Dieu, le Père, vous a choisis d'avance selon un projet qui est le sien ; il vous fait vivre pour Dieu, grâce à l'Esprit saint, pour que vous obéissiez à Jésus Christ et que vous soyez purifiés par le sang qu'il a versé ».

Plusieurs commentateurs voient dans l’allusion au « sang versé » une référence au baptême qui est bien un signe du choix de Dieu, et du pardon des péchés grâce au don de la vie du Christ sur la croix.

En recevant le baptême, nous disons notre foi en lui … et nous nous engageons effectivement à lui obéir par la puissance de « l’Esprit qui nous régénère et nous conduit dans la vérité et dans l’amour » (formule libriste !).

Pierre nous rappelle ici que Dieu aussi s’engage avec nous quand nous nous engageons pour lui.

Parce que c’est son projet (v.2), que c’est lui qui nous fait vivre.

Pierre laisse même entendre que c’est la Trinité tout entière qui s’implique pour que nous permettre de vivre une vie de disciple : Dieu le Père qui nous a choisis… nous « fait vivre pour » lui, « grâce à l’Esprit Saint », pour que nous obéissions à Jésus Christ.

Le Père, le Fils et le St Esprit, avec nous dans nos engagements quotidiens.

Bel encouragement, qu’en pensez-vous ?  Combien de fois nous nous décourageons parce que nous essayons de vivre en chrétiens par nos propres forces. Nous regardons notre isolement, notre surcharge, nous voyons nos limites… Mais Pierre ici nous invite plutôt à regarder à Dieu, qui nous a choisis, appelés ! C’est lui qui fera de nous des disciples vivants au quotidien.

 

Au final, on pourrait résumer les choses en disant : malgré notre dispersion dans le monde, nous sommes le peuple choisi par Dieu, et il marche avec nous !

Le Père, le Fils et le Saint Esprit sont présents avec nous, pas uniquement quand nous sommes rassemblés, à l’église, mais partout et tout le temps.

Notre Dieu connait la situation dans laquelle chacun de nous vit, nos tensions, nos défis, et il s’y engage par son Esprit pour accomplir son projet, nous bénir, et bénir le monde à travers nous.

Voilà qui donne un sacré relief à nos petits efforts quotidiens pour suivre le Christ, n’est-ce pas ?

A propos de quotidien, revenons à Alice, en route vers le travail, ce lundi matin. Depuis tout à l’heure, elle est arrivée devant l’immeuble où elle travaille. Elle a quelques minutes devant elle, elle s’arrête.

Sur le chemin, elle s’est souvenue de la prédication, sur 1 Pierre 1… Elle a compris qu’elle n’était pas seule, qu’elle faisait partie intégrante de ce peuple de Dieu, dispersé mais uni par l’Esprit.  Ça l’encourage. Elle pense à certains de ses frères et sœurs de l’Eglise, elle pense à ce Dieu mystérieux et plein d’amour qui marche avec elle… et elle se met à prier :

« Seigneur, merci pour ta présence et ta grâce envers moi.

Permets que je puisse te glorifier dans tout ce que je fais et dis aujourd’hui. Par ton Esprit, donne- moi la force, rappelle-moi ta Parole.

Merci de m’avoir placé là où je suis. Je ne suis pas là par hasard et je veux t’y servir.

Garde mes frères et sœurs là où ils sont, et que ta grâce et ta paix leur soient données en abondance ».

Chers frères et sœurs, que cette prière puisse être la nôtre, cette semaine, et que la grâce et la paix nous soient données, à chacun, en abondance !

Amen.

S. Guiton 


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