Prédication du 17 novembre 24 - Marc 12.28-34 - Aimer Dieu pour aimer mon prochain
Qu’est-ce qui est essentiel quand on veut suivre Jésus-Christ ? Que nous demande-t’il de placer en premier, en priorité ?
Les élections de ces derniers temps, en France comme aux Us,
ont révélé que pour beaucoup de chrétiens évangéliques, le choix du candidat
était motivé d’abord par ses positions sur certains sujets éthiques comme le
genre ou l’avortement. Est-ce donc cela, l’essentiel ?
Dans les Eglises, le souci de l’évangélisation, lié à celui
de la croissance, apparaît comme un sujet important. Tout comme la connaissance
de la Bible, la justice sociale, le soin des plus fragiles… la prière et la
louange…
Qu’est-ce qui est prioritaire ? Essentiel ?
Cette question a été posée à Jésus. Ecoutons sa réponse
rapportée dans l’Evangile de Marc.
Jésus vient de débattre avec des sadducéens, une catégorie de juifs qui ne croyaient pas à la résurrection.
Marc 12.28-34
Jésus en effet répond en assemblant deux passages de la Torah, Deuteronome 6.5 et Lévitique 19.18.
28Un spécialiste
des Écritures les avait entendus discuter. Il vit que Jésus avait bien
répondu aux sadducéens ; il s'approcha de lui et lui demanda : « Quel
est le premier de tous les commandements ? » 29Jésus lui
répondit : « Voici le premier : “Écoute, Israël ! Le Seigneur notre
Dieu est le seul Seigneur. 30Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de
tout ton cœur, de tout ton être, de toute ta pensée et de toute ta
force.” 31Et voici le second : “Tu aimeras ton prochain comme
toi-même.” Il n'y a pas d'autre commandement plus important que ces deux-là. »
32Le spécialiste des Écritures reprit : « Très bien, maître ! Ce que tu as dit est vrai : Dieu est unique, et il n'y en a pas d'autre que lui. 33L'aimer de tout son cœur, de toute son intelligence et de toute sa force et aimer son prochain comme soi-même est plus important que toutes les offrandes et les sacrifices d'animaux. » 34Jésus vit qu'il avait répondu avec intelligence et lui dit : « Tu n'es pas loin du règne de Dieu. » Et personne n'osait plus lui poser de questions.
Dans le contexte de l’époque, la question de ce spécialiste
des Ecritures n’est pas étonnante :
savoir quel était le plus grand commandement de la Loi était un
grand sujet de discussion, il est donc logique que Jésus, qui vient de
montrer sa sagesse face aux sadducéens, soit interrogé là-dessus. On avait identifié
613 commandements dans la Torah. Lequel était le plus important ?
A cette question de spécialiste un peu théorique, Jésus répond d’une façon à la fois simple et surprenante : d’un côté, il ne fait que redire des choses que les juifs savent déjà… mais de l’autre, il le fait d’une façon qui ouvre une perspective nouvelle !
Deuteronome 6.4-5 : "4 Écoute, Israël : Le Seigneur notre Dieu est le seul Seigneur. 5Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de tout ton être et de toute ta force".
Lévitique 19.18 : "Ne te venge pas et ne garde pas de rancune contre les membres de ton peuple. Chacun de vous aimera son prochain comme lui-même. Je suis le Seigneur".
Le verset du Deutéronome faisait partie de la prière du « Shema » - « Ecoute Israël.. » que les juifs répétaient deux fois par jour. Ils connaissaient donc par cœur ce commandement d’aimer Dieu de tout son cœur, son être, sa pensée, sa force.… c’est-à-dire avec tout ce que l’on est, pas superficiellement mais authentiquement, fidèlement.
Aimer Dieu par-dessus-tout, bien sûr ! Ça semble
évident. C’est Dieu !
Mais la nouveauté c’est le lien avec Lévitique 19.18 : « tu aimeras ton prochain comme toi-même ».
La nouveauté, c’est de lier l’amour de Dieu et l’amour
du prochain.
Et c’est ça l’essentiel, dit Jésus. Le plus grand
commandement : aimer. Aimer Dieu et son prochain.
Plus exactement : aimer Dieu pour
aimer notre prochain. Et aimer Dieu en aimant notre prochain.
« Il n'y a pas d'autre commandement plus important que
ces deux-là ».
Aimer, c’est poser des actes d’amour
Aujourd’hui, commençons par LA grande question : aimer,
c’est quoi ? Question vertigineuse !
La Bible n’y répond pas de façon théorique, mais concrète : aimer,
c’est poser des actes d’amour. De fait Jésus ne met jamais le focus sur le sentiment
d’amour – même s’il est là – mais sur la manifestation de l’amour,
les actes qui montrent de l’amour. Comme Dieu dit son amour pour sa création,
mais surtout le manifeste en agissant, nous sommes appelés à manifester
de l’amour pour notre prochain, en agissant avec lui comme Dieu agit avec nous.
« 16Voici comment nous savons ce qu'est l'amour, écrit Jean dans sa 1ère lettre : Jésus Christ a donné sa vie pour nous. Nous aussi, nous devons donner notre vie pour nos frères et nos sœurs. 17Si quelqu'un a les moyens de vivre et voit son frère ou sa sœur dans le besoin mais lui ferme son cœur, comment peut-il prétendre qu'il aime Dieu ? 18Mes enfants, n'aimons pas seulement en paroles, avec de beaux discours ; faisons preuve d'un véritable amour qui se manifeste par des actes ! » (1 Jn 3.16-18).
Un véritable amour qui se manifeste par des actes : quels actes ?
Vous connaissez peut-être les 5 différentes façons de
communiquer et de percevoir l’amour
mis en lumière par Gary Chapman, et qu’il appelle les « langages de l’amour ».
- Les paroles valorisantes
- Les moments de qualité
- Les cadeaux,
- Les services rendus,
- Le contact physique.
Nous sommes tous plus ou moins sensibles à ces manifestations d’amour, avec une préférence en général pour deux langages en particulier, qui nous touchent davantage.
Souvent, la façon dont nous nous sentons aimés est celle que
nous choisissons spontanément avec les autres : aimez-vous faire des
cadeaux ? Rendre service ?
Quel est votre langage d’amour favori ? Et celui de
vos proches ? Une bonne question à se poser, pour éviter les
malentendus – l’un attendant qu’on lui fasse des cadeaux pendant que l’autre
lui dit son amour par des paroles enflammées !
Même si ces catégories ne sont pas « bibliques », elles donnent des pistes concrètes pour manifester de l’amour à ceux qui nous entourent – de façon à ce qu’ils le perçoivent !
De plus, à bien y regarder, on constate que Dieu, le premier, exprime son amour avec différents « langages » :
- · les paroles valorisantes : « Je t'aime d'un amour éternel » (Jérémie 31.3).
- · les moments de qualité : « voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde » (Matthieu 28.20)
- · les cadeaux : « je veux bénir le Seigneur, sans oublier un seul de ses bienfaits ! » (Psaumes 103.2)
- · les services rendus : « 3C'est lui qui pardonne toutes tes fautes, qui guérit toutes tes maladies, 4qui arrache ta vie à la tombe, qui te comble de tendresse et de bonté » (Psaumes 103.3)
- · le contact physique : « Il toucha sa main, et la fièvre la quitta » (Matthieu 8.15)
Quel
est le langage d’amour de Dieu ?
- · les paroles valorisantes : la louange !
- · les moments de qualité : la prière !
- · les cadeaux : le don !
- · les services rendus : le service !
Mais Dieu a un langage d’amour privilégié et
spécifique qui sous-tend le dialogue de Jésus avec ce spécialiste de la
Loi : celui de l’obéissance à sa Loi, à sa Parole.
Jean exprime encore cela, en liant amour de Dieu le Père et amour des autres :
« Ceux qui aiment Dieu le
Père aiment aussi ses enfants. 2Comment savoir que nous aimons
les enfants de Dieu ? Nous les aimons si nous aimons Dieu et si nous obéissons
à ses commandements. 3Oui, aimer Dieu, c’est garder ses
commandements » (1 Jean 5.1)
Jésus affirme aussi que l’aimer, aimer son Père, c’est d’abord « garder » leurs commandements » - les écouter, et les mettre en pratique.
Cela était déjà vrai dans la première alliance de Dieu avec les hommes via Abraham, Jacob, Moïse, David…
Celle-ci reposait sur la Loi dont Jésus et le spécialiste
parlent ici, un ensemble de règles qu’Israël devait respecter pour honorer
et servir Dieu en agissant selon sa volonté. C’est ainsi que le peuple devait
montrer son amour à Dieu.
Même si cette Loi de l’AT nous semble parfois très loin
de nous, avec toutes ses dimensions rituelles, les règles sur les
sacrifices d’animaux, etc., elle avait été donnée pour conduire le peuple de
Dieu sur le chemin de la sainteté et de l’amour.
Les commandements définissent donc comment vivre
concrètement cela dans la société humaine - dans les relations dans la
famille, entre patron et salarié ; même avec les animaux, qui doivent
eux-aussi pouvoir se reposer ! Comment se comporter avec les plus faibles,
les immigrés… etc.
Ce n’est qu’en Jésus que la dimension d’amour de la loi de Dieu s’est pleinement manifestée. Il a non seulement accompli parfaitement les commandements de la première alliance, mais il leur a donné une nouvelle dimension, comme il le fait ici, en liant l’amour de Dieu à celui du prochain.
Donc nous montrons notre amour à Dieu en aimant notre prochain.
Parce qu’aimer Dieu, aimer notre prochain, c’est pleinement « garder ses commandements », accomplir la Loi.
C’est donc en aimant Dieu que nous pouvons aimer notre prochain, et c’est en aimant notre prochain que nous disons notre amour à Dieu.
L’un et l’autre se nourrissent, se stimulent, dans une dynamique positive, vitale. « Fais ceci, et tu vivras ».
Le spécialiste de la Loi qui parle avec Jésus a compris cela.
C’est pourquoi « il n’est pas loin du Royaume de Dieu ».
Pas loin… mais pas arrivé !
Que lui manque-t’il ? D’agir en actes, sans
doute !
Alors agissons !
Quels actes d’amour pouvons nous poser envers nes proches aujourd’hui ?
Pas si simple, direz-vous ! Aimer notre
prochain ? C’est si difficile !
Rien qui nous confronte plus aux limites de nos bonnes
intentions, et à nos fragilités : nous portons tant de blessures, tant
de soifs inassouvies d’être reconnus, acceptés, valorisés… tout cela nous fait
avancer sur un sol mouvant et peut nous amener donc à nous enliser dans
l’amour du prochain.
D’autant qu’il y a des prochains qui prendront tout de
nous, sans rien donner, sans rien laisser. On peut se faire absorber, trop
se donner et du coup ne plus savoir comment mettre des limites, où mettre des
limites…
Le risque alors est de nous brûler. « Aimer son prochain comme soi-même » : combien d’entre nous ne croient plus vraiment à cette belle utopie ?
« J’ai essayé, j’ai échoué, ce n’est plus pour moi.
Maintenant, je me protège ».
Quoi de plus légitime.
Nous continuerons à méditer ces questions à la lumière de la Parole de Dieu la semaine prochaine.
Temps de réflexion personnelle
Quel est mon langage d’amour ? Celui de mes
proches ?
Comment puis-je manifester mon amour à Dieu cette
semaine ?
Commentaires
Enregistrer un commentaire