Prédication du 16 mars 2025 - Campagne « Ecoute ! » - « Prendre position » : Jacques 1.19-27
Nous poursuivons notre parcours autour du thème de l’écoute.
La semaine écoulée, nous avons médité 1 Samuel 3 –
« parle, ton serviteur écoute ». Avec quelles dispositions de cœur
écouter ? Comment être disponible devant Dieu pour cela ?
Dimanche dernier, nous avons évoqué le lien établi dans l’AT
entre l’écoute et l’obéissance : de fait, l’écoute de Dieu, de sa Parole,
ne va pas sans le désir de la mettre en pratique. Ecouter nous invite aussi à
agir, à nous engager concrètement pour Dieu, dans nos vies quotidiennes. C’est
le thème de la semaine : « prendre position ».
Que faisons-nous de ce que nous entendons dans la
Bible, chez nous, le dimanche… ?
Un texte aborde la
question avec force : Jacques 1.19-27
19Vous le savez, mes
chers frères et sœurs : que chacun s'empresse d'écouter, mais soit lent à
parler et lent à se mettre en colère ; 20car une personne
en colère ne fait pas ce qui est juste aux yeux de Dieu. 21C'est
pourquoi rejetez tout ce qui salit et tous les excès dus à la méchanceté.
Accueillez avec humilité la parole que Dieu plante dans votre cœur, car elle a
le pouvoir de vous sauver.
22Mettez la parole de
Dieu en pratique : ne vous contentez pas de l'écouter, en vous faisant des
illusions sur vous-mêmes. 23Car toute personne qui écoute la
parole, sans la mettre en pratique, ressemble à quelqu'un qui se regarde dans
un miroir et qui se voit tel qu'il est. 24Après s'être regardé,
il s'éloigne et il oublie aussitôt comment il est. 25En
revanche, la personne qui se penche attentivement sur
la Loi parfaite, celle qui rend libre, y reste attachée, et la met en
pratique, sans se contenter de l'écouter pour l'oublier ensuite ; eh bien,
cette personne sera heureuse dans tout ce qu'elle fait !
26Si quelqu'un croit
être religieux mais ne sait pas maîtriser sa langue, il se trompe lui-même : sa
religion ne mène à rien ! 27Voici ce que Dieu, le Père,
considère comme la religion pure et authentique : secourir les
orphelins et les veuves dans leur détresse, et se garder de toute tache due à
l'influence de ce monde.
« Réalisateurs » de la Parole
L’idée clé du passage est résumée
au v.22 : « mettez la parole de Dieu en pratique : ne vous
contentez pas de l’écoute ». Littéralement : « soyez les
réalisateurs de la Parole ». Transposition en grec d’une expression
hébraïque, « faire la Parole », « la loi », au sens de
« la réaliser concrètement ».
Ici les expressions « la
parole », « la loi parfaite » renvoient à l’ensemble des
enseignements du christianisme, ceux de Jésus (en particulier le « sermon
sur la montagne », que nous méditerons cette semaine), de la Bible en
général.
Ne nous contentons pas d’écouter
ces enseignements, dit Jacques, soyons en les réalisateurs.
Au cinéma, il y a le scénariste,
qui imagine l’histoire… et le réalisateur, qui porte cette histoire à
l’écran, qui en fait un film visible de tous.
Il est facile, dans notre vie de foi, de
rester des scénaristes : « je pourrais faire ci, ou ça pour Dieu, un
jour je changerai mes priorités… ». Tout est possible à celui qui…
imagine ! On peut se projeter en leader d’Eglise – « si j’étais au conseil,
ça se passerait bien mieux crois-moi » -, en grand prédicateur, en
humble serviteur… Mais ce qui compte,
c’est de passer à l’étape suivante : « réaliser » la Parole, la
mettre en pratique, la rendre concrète dans notre vie. Voilà qui est plus
exigeant !
« Réaliser » la Parole… ça commence par
l’écouter
« Que chacun s'empresse d'écouter, mais soit lent à parler et lent à se mettre en colère (…) Accueillez avec humilité la parole que Dieu plante dans votre cœur, car elle a le pouvoir de vous sauver ».
Parce que Jacques s’adresse à des
chrétiens d’origine juive, son discours est très ancré dans l’AT, notamment
dans les écrits de sagesse qui valorisent l’écoute : « Que le sage
écoute, et il augmentera son savoir, Et celui qui est intelligent acquerra de
l'habileté » (Proverbes 1.5)
Pour écouter, il est nécessaire
d’abord de se poser, se calmer intérieurement. Voilà pourquoi Jacques dénonce
la colère ici, qui n’est pas ce que nous appelons la colère. Dans le langage de
son époque, le mot évoque l’agitation intérieure, qui peut être teintée
d’orgueil, ou de ressentiment… Imaginer sans cesse toutes sortes de scénarios
sur ce qui va se passer, ce que les autres pourraient penser ou faire… se
projeter dans une vie imaginaire où l’on est un héros, par exemple, c’est
s’agiter intérieurement, et ça empêche d’écouter, d’être là. Au contraire, il
s’agit « d’accueillir avec humilité la parole que Dieu plante dans
notre cœur », d’être attentif à ce que Dieu nous dit, de lui faire
davantage confiance qu’à nos propres idées…
« Réaliser » la Parole… un chemin de vérité
Puis de passer à l’action !
Ce qui est un « chemin », c’est-à-dire un engagement dans la durée,
qui demande de la persévérance, des efforts dans le temps long – toute une
vie !
Pas si évident de passer du rêve à
la réalité, du « je pourrais » au « j’agis
maintenant » !... parce que la réalité nous rattrape ! Cela nous
confronte à ce que nous sommes vraiment, comme l’exprime l’image du miroir
utilisée par Jacques : il est facile de se faire des illusions sur
soi-même, mais quand on se regarde à la lumière de la Bible, on se voit soudain
comme on est. Et quand on tente de mettre en application la Bible… on se voit
encore mieux ! Avec nos dons et nos limites, nos beautés et nos lâchetés.
Je me souviens encore de la première « action d’évangélisation » à
laquelle j’ai participé, au lycée, alors que je ne savais pas encore si j’étais
converti. Je devais juste mettre quelques affiches pour une conférence
« Bible et science » dans les couloirs… et j’étais terrifié. J’ai
attendu qu’il n’y ait vraiment personne pour les mettre, en
vitesse ! Et je me suis pris en face la réalité de ma foi, avec la
culpabilité bien sûr : « celui qui a honte de moi devant les
hommes… ».
Essayer de « réaliser »
la Parole de Dieu est une expérience de vérité sur nous-mêmes, sans concession,
mais salutaire, nécessaire… Mes échecs dans la pratique de la foi m’ont aidé à
savoir qui j’étais… et à avancer.
« Réaliser » la Parole… un chemin de transformation de soi et du monde
C’est en effet la
« vérité » qui nous « rend libres », dit Jésus. Jacques ne
dit pas autre chose : « Mettez la parole en pratique, ne vous
contentez pas de l'écouter, en vous faisant des illusions sur vous-mêmes. 23Car
toute personne qui écoute la parole, sans la mettre en pratique, ressemble à
quelqu'un qui se regarde dans un miroir et qui se voit tel qu'il est. 24Après
s'être regardé, il s'éloigne et il oublie aussitôt comment il est. 25En
revanche, la personne qui se penche attentivement sur la Loi parfaite,
celle qui rend libre, y reste attachée, et la met en pratique, sans se
contenter de l'écouter pour l'oublier ensuite ; eh bien, cette personne sera
heureuse dans tout ce qu'elle fait ! »
La foi chrétienne n’est pas une
simple sagesse, un ensemble de connaissances intéressantes ou une spiritualité
personnelle qui nous aide à nous sentir mieux… elle est orientée sur l’action,
dans une compréhension éthique du monde
- faire le bien et le faire bien, agir pour la justice, prendre soin des
plus petits, aimer en actes.
« Réaliser » la Parole… un chemin de bonheur !
Enfin, une belle promesse nous est
faite ici – une « béatitude » : « la personne qui se penche
attentivement sur la Loi parfaite, celle qui rend libre, y reste attachée,
et la met en pratique, sans se contenter de l'écouter pour l'oublier ensuite ;
eh bien, cette personne sera heureuse dans tout ce qu'elle fait ! ».
Etre heureux dans tout ce qu’on
fait… qui n’en rêve pas ? Ici, cependant, la promesse est conditionnée au
fait d’agir en cohérence avec la Parole de Dieu qu’on a écoutée. Autrement
dit : celui qui écoute et met en pratique la Parole de vie sera heureux.
Dimanche, lors du repas des
nouveaux, la question nous a été posée : qu’est-ce que le bonheur pour
toi ?
Une enquête réalisée en février
dernier a révélé ce qu’était le bonheur pour les français. Les résultats sont
très intéressants, en ce qu’ils révèlent de vision du monde, de priorités, de
valeurs…
Pour le coup, c’est aussi un miroir tendu à notre société pour qu’elle se voie comme elle est…. Et un miroir qui nous questionne, aussi, sur nous chrétiens : « prendre position » : nos prises de position sont-elles différentes de celles de ceux qui nous entourent et qui ne partagent pas notre foi ?
Enquête complète à lire ici :
https://www.destincommun.fr/analyses-et-debats/bonheur-francais/
Quelques éléments rapides :
-
Bonne nouvelle : 8 français sur 10
déclarent être heureux
-
Avec cependant un net pessimisme sur l’état de
la société et du monde ; de l’éco anxiété, le sentiment que la situation
se dégrade globalement…
-
Et du coup, la recherche d’un
« bonheur cocon », centré sur soi, la sphère privée, le bien être.
-
Avec comme première aspiration
pour être heureux : gagner plus d’argent !
-
L’amour arrivant en 7e position après
6 priorités autocentrées.
-
La recherche d’un bonheur plaisir immédiat,
sans lien avec un engagement à long terme pour les autres. « vivre en
harmonie avec les autres » arrive en 4e position avec 9%
des votes.
- Si les activités sociales, sportives et
spirituelles rendent plus heureux, ce ne sont pas celles qui sont vraiment
pratiquées… tous victimes du système ?
Quelle cohérence, déjà à ce niveau ?
Notons de faire du bénévolat ou prier et méditer arrive après
manger une glace !
L’un
n’empêche pas l’autre 😊
Au final, la tendance est au repli « égoïste », disent même certaines personnes interrogées.
Vous reconnaissez-vous dans ces
choix ?
Est-ce que l’Eglise est différente
du monde ici ? Nous sommes nous repliés sur nous-mêmes, avec un rapport
plus distant à la vie sociale, la vie d’Eglise ?
Nous que le Christ appelle à être
« sel de la terre » par notre amour pour lui, les uns pour les autres
et pour notre prochain ?
Pendant des siècles, l’Eglise a
été sel de la terre par ses hôpitaux, ses œuvres sociales, ses engagements dans
la société… où en sommes-nous, chacun ?
Prenons position !
Si notre foi, notre écoute
régulière de la Parole de Dieu – au moins le dimanche ! – ne change pas la
façon dont nous vivons, les priorités que nous nous fixons dans la vie, notre
façon de voir le bonheur… quelle sorte de disciples de Jésus-Christ
sommes-nous ? Avec lui, « croyant mais pas pratiquant », ça
n’est pas de sens.
« La
religion pure et authentique » selon Dieu, c’est « secourir
les orphelins et les veuves dans leur détresse, et se garder de toute tache due
à l'influence de ce monde » - c’est-à-dire attester de notre foi et de
notre espérance par une vie engagée pour Dieu, en assumant quand il le faut un
décalage avec les choix d’une société sans Dieu – ce que Jacques appelle
« se garder de toute tache due à l’influence de ce monde ».
Il ne s’agit pas de devenir moralisateur
ou de faire passer la morale avant l’amour… mais de vivre en cohérence avec les
enseignements éthiques de la Parole de Dieu.
Plutôt que suivre le mouvement,
prendre le temps de discerner ce qui est juste ou pas, sain ou pas, à la
lumière de la Bible.
Afin d’en être des « réalisateurs » sérieux. Pas irréprochables, c’est impossible. Mais sérieux, engagés, cherchant la cohérence, la communion même avec leur modèle, le Christ.
Amen
Dans quel domaine mes actes
sont-ils en décalage avec ma foi ?
Y a-t-il des domaines où j’ai
choisi de suivre la société plutôt que la Parole de Dieu ?
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