Prédication du 3 novembre 24 - Dimanche de l'Eglise persécutée - Portes Ouvertes - Romains 8.35-39 : « rien ne nous séparera… ? ».

 Cette prédication fait allusion à une vidéo publiée par l'association Portes Ouvertes à l'occasion du dimanche de l'Eglise persécutée .  Le verset mis en avant est Romains 8.35 : " Qui nous séparera de l'amour du Christ ?" 

 "Qui nous séparera de l’amour du Christ ? ".  Ces paroles de Paul résonnent particulièrement fort au milieu de ces témoignages terribles.

Réécoutons ces quelques versets que Paul a écrit pour des chrétiens plongés eux aussi dans le feu de la persécution.

Romains 8.35-39

35Qui nous séparera de l'amour du Christ ?

Est-ce que ce sera la détresse, ou bien l'angoisse, ou encore la persécution, la faim, les privations, le danger, la mort ?

36Comme le déclare l'Écriture :

« À cause de toi, nous sommes exposés à la mort tout le long du jour,

on nous traite comme des moutons qu'on mène à l'abattoir. »

37Mais en tout cela nous remportons la plus complète victoire par celui qui nous a aimés.

38Oui, j'ai la certitude que rien ne peut nous séparer de son amour :

ni la mort, ni la vie,

ni les anges, ni d'autres autorités ou puissances célestes,

ni le présent, ni l'avenir,

39ni les forces d'en haut, ni celles d'en bas,

ni aucune autre chose créée,

rien ne pourra jamais nous séparer de l'amour que Dieu nous a manifesté en Jésus Christ notre Seigneur. (trad NFC)


Qui nous séparera… ? Rien ne nous séparera ! Je trouve cette affirmation très forte, étant donné ce qu’on vient d’entendre.

Rien… vraiment ? Est-ce que les persécutions ne contredisent pas cette affirmation ? La violence, l’injustice… Le pasteur Barnabas le dit lui-même : « la faim, la peur… découragent la foi ». Un autre, le pasteur Paluku, va dans le même sens. « Le désespoir conduit les gens vers les religions traditionnelles. Les personnes déplacées basent leurs choix sur des pouvoirs obscurs qui promettent la protection. »

Donc rien… vraiment ? De plus, si le « nous » dans le slogan « rien ne nous séparera » désigne tous les chrétiens, ceux qui sont persécutés et nous qui ne le sommes pas… est-ce qu’il n’y a pas aussi des choses qui nous séparent ? Ne serait-ce que notre difficulté à faire face à ces réalités ? Qu’il est difficile en effet d’écouter ces témoignages et d’être confronté au sentiment d’impuissance, à la culpabilité diffuse de celui qui a tout et ne fait pas grand-chose, etc. Autant de sentiments difficiles à vivre qui nous incitent à passer vite à autre chose, pour nous protéger … et c’est humain, très humain.

Est-ce que cela ne nous sépare pas de tous nos frères et sœurs qui souffrent ?

Oui, écouter ces témoignages nous confronte à nos limites et nos questions … Mais Paul, qui a connu lui-même la persécution et la trahison, nous invite à regarder au-delà, vers ce Dieu qui a remporté la victoire pour nous, en Jésus-Christ.

C’est lui la source de son espérance, de sa persévérance dans la foi :

« 38Oui, j'ai la certitude que rien ne peut nous séparer de son amour… rien ne pourra jamais nous séparer de l'amour que Dieu nous a manifesté en Jésus Christ notre Seigneur ».

 

A.    L’Eglise souffre avec le Christ

 

Là encore, on est en droit de s’étonner : toutes ces souffrances, comment sont-elles compatibles avec l’amour de Dieu pour son peuple ? Nous avons entendu ce chant : « pourquoi les pleurs, la terreur, les problèmes ? ». Paul lui-même cite le Psaume 44.v.23 : « À cause de toi, nous sommes exposés à la mort tout le long du jour, on nous traite comme des moutons qu'on mène à l'abattoir. ». Mystère de la souffrance du peuple de Dieu.

 Pourtant Paul tient l’un et l’autre ensemble : le peuple de Dieu souffre, mais cela ne remet pas en cause la réalité de l’amour que Dieu lui porte.

Cette façon de voir remet en question plusieurs façons de voir très occidentales sur ce qu’est la vie chrétienne, de la place que la souffrance y occupe, et de la façon dont l’amour de Dieu se manifeste.

Nous avons tendance à considérer « la détresse, ou bien l'angoisse, la persécution, la faim, les privations, le danger, la mort »… comme des anomalies dont Dieu doit nous libérer. Oui, bien sûr, il le promet… lorsqu’il reviendra !

En attendant ce jour glorieux, il nous faut réentendre ces paroles de Jésus : « s’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi ».

De fait, depuis Abel jusqu’à l’apôtre Jean, en passant par les prophètes de l’Ancien Testament, Jésus, et les premiers chrétiens, la persécution a toujours accompagné ceux qui veulent plaire à Dieu et le servir.

Dès le premier siècle, les chrétiens ont subi une persécution terrible. Beaucoup sont morts en martyrs : Etienne, lapidé ; Jacques, exécuté par Hérode…

Et cela continue, donc.

 Paul ne considère pas cette souffrance comme anormale : il y voit une origine spirituelle - « les dominations… » (Cf Éphésiens 6 : 12). Satan, et l’homme pécheur sous son influence, ne cessent de combattre Dieu, son Fils et ceux qui s’engagent pour lui.

Ce qui fait dire à Frère André, fondateur de la mission Portes Ouvertes, que « la sécurité n’est pas un enjeu de la Mission confiée aux disciples ». Il est normal pour tout chrétien d’être confronté à une certaine souffrance s’il veut travailler dans l’œuvre du Seigneur.

 Fuir cette réalité en imaginant que Dieu nous doit une vie tranquille est non seulement faux mais cela nous rend plus vulnérables au doute, au découragement, et ça nous paralyse.


Pierre écrit au contraire : « 12Très chers amis, ne trouvez pas étrange d'être en plein feu de l'épreuve, comme s'il vous arrivait quelque chose d'étrange. 13Réjouissez-vous plutôt d'avoir part aux souffrances du Christ, afin que, quand il révélera sa gloire, vous débordiez également de joie. 14Si l'on vous insulte à cause du nom du Christ, heureux êtes-vous, car l'Esprit de Dieu à qui appartient la gloire repose sur vous » (1 Pierre 4.12-14).
 

B.    Victoires ou défaites ?

 Heureux d’être persécutés ? Vraiment ? Voilà encore une affirmation complétement contraire à la logique ordinaire… S’il ose affirmer cela, c’est que Pierre, lui aussi, a vu comment l’amour de Dieu se manifeste déjà par des victoires remportées face aux épreuves.

 Parfois des victoires comme nous les imaginons – échapper à la persécution, être guéri, sauvé miraculeusement… beaucoup de témoignages parlent de cela, y compris dans notre Eglise !

Mais aussi des victoires… qui sont des défaites aux yeux du monde : perdre ceux qu’on aime, être maltraité, exilé… et ne pas perdre la foi. C’est une victoire !

Pareil pour les Eglises : nous occidentaux considérons que la bénédiction pour une Eglise, c’est de grandir et de résoudre ses problèmes. Mais dans beaucoup de situations, une Eglise bénie, c’est déjà une Eglise qui continue d’exister, de croire…

 Un expert de Portes Ouvertes explique que « dans certaines régions du Nigéria, aller à l’église, c’est comme voyager avec un billet aller simple. Il n’y a aucune certitude ou garantie de retour, mais les gens continuent d’aller à l’église. ».

 Continuer à croire en l’amour de Dieu dans ces conditions n’est-il pas une folie ? Oui ! Comme est folie le message de l’Evangile, qui dit que c’est dans sa mort que le Christ a triomphé. Que l’amour de Dieu pour nous ne s’est pas manifesté dans une démonstration de puissance, ni par l’absence de souffrance, mais par la mort du Christ sur la croix. Voilà ce qui nous rends « plus que vainqueurs », selon l’expression de Paul en Romains 8.

C.    Rien ne nous séparera de l’amour de Dieu

Ainsi, Romains 8 affirme qu’aucun pouvoir et aucune situation ne peuvent empêcher le Christ d’être avec nous, à nos côtés, quel que soit le feu que nous aurons à traverser.  

De nos jours encore, de nombreux chrétiens persécutés témoignent avoir vécu une proximité extraordinaire avec leur Seigneur dans les moments les plus difficiles de leurs vies.

Le pasteur Wang Mindao, sortant de 20 années passées dans les geôles chinoises, a déclaré : « J’ai vécu une lune de miel avec Jésus ».

« 14Si l'on vous insulte à cause du nom du Christ, heureux êtes-vous, car l'Esprit de Dieu à qui appartient la gloire repose sur vous » (1 Pierre 4 : 14).

Il est frappant que dans le NT, ce soit d’abord à des chrétiens persécutés que la joie de Dieu soit promise, dans une communion particulière avec le Seigneur.

La joie dans la souffrance est une réalité est difficilement explicable mais que nous pouvons expérimenter lorsque nous prenons position pour Dieu, avec sincérité.

Une manifestation très concrète de l’amour de Dieu.

Paul enfin affirme ici que même la mort ne pourra pas nous séparer de l’amour de Dieu.

Encore une vérité essentielle qu’en tant qu’occidentaux attachés à une vie plutôt confortable, nous avons tendance à négliger.

Les épreuves au contraire poussent à envisager l’avenir à long terme, en regardant au-delà de la mort. C’est cette promesse qui permettait aux premiers chrétiens de rester fermes dans la foi même face aux lions dans les arènes.

 Soré, un chrétien persécuté au Burjina Faso, dit : « Dans la Bible, je vois que tous les guerriers ont rencontré des difficultés. C’est mon tour aujourd’hui. Il est important de se souvenir que la souffrance n’est jamais éternelle – mais Jésus est éternel ! »

Que l’amour de notre vie dans ce monde, la crainte de perdre ce que nous avons… ne nous détournent pas de nous engager à fond pour le Seigneur ! Les richesses qui nous attendent sont sans commune valeur.

Que tout cela nous encourage au contraire à chercher avant toutes choses la présence de Dieu, comme la plus grande des bénédictions.

Et à manifester cette présence à nos frères et sœurs, ceux qui sont près de nous… et ceux qui sont loin.

Dieu nous appelle à être pour eux son visage, ses mains, son soutien.

Portes Ouvertes a précisément pour mission de permettre cette fraternité spirituelle concrète, en mettant en place des actions pour encourager les chrétiens persécutés, les habiller, les visiter dans les camps de déplacés ou les prisons….

Ce ministère est un beau soutien aussi pour nous, car il nous permet de sortir de la position de spectateurs pour devenir acteurs. 

D’abord par la prière : nous partagerons par mail cette semaine les sujets proposés par Portes Ouvertes. 

Il y a aussi de nombreux besoins : je vous renvoie au site de Portes Ouvertes pour les découvrir : 

https://www.portesouvertes.fr/

 

Je ne sais pas vous, mais j’ai été capté par le regard de Barnabas ici.




L’attente est forte, presque un ultimatum.

Qu’allons-nous répondre ?

Que chacun réfléchisse et agisse selon sa conscience, devant le Seigneur.

A lui seul soit la gloire.

Amen

 

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Prédication du 27 octobre 2024 - Actes 1.6-14 - Pour une prière engagée et engageante

Prédication du 17 novembre 24 - Marc 12.28-34 - Aimer Dieu pour aimer mon prochain

Prédication du 24 novembre - 1 Jean 4.7-19 - Aimer comme Dieu nous aime