Prédication du 2 mars 25 - Campagne « Ecoute ! » - Semaine 1 : Dieu parle Matthieu 17.1-8


« Ecoute ! ». Nous commençons aujourd’hui un chemin de 6 semaines autour de cette thématique . 

Cette semaine, les méditations quotidiennes et la réflexion en petits groupes vont nous faire explorer différents moyens par lesquels Dieu nous parle.

Dieu nous parle : folle affirmation ! Est-ce qu’on n’est pas un peu gêné, voire inquiet quand quelqu’un affirme : « Dieu m’a dit que… » ? Tant de dérives naissent de cette conviction : « Dieu m’a dit que… ». Certains tuent poussés par cette affirmation ! Syndrome Jeanne d’Arc, folle dérive… ou possibilité réelle, offerte à tous les chrétiens, d’entendre Dieu leur parler ?

La foi chrétienne repose sur cette conviction : Dieu a parlé, et il parle encore.

Il nous parle personnellement dans la Bible, par la Bible… par la Création… par d’autres personnes… Les méditations de la semaine vont nous faire explorer cela.

« Dieu parle ! » : le texte de Matthieu 17 proposé pour notre méditation ce matin rapporte un moment où Dieu a parlé d’une façon particulièrement claire. Dans les chapitres précédents, Jésus a commencé à révéler de plus en plus précisément qui il est, quel est le sens de sa mission et comment il appelle chacun à le suivre.

En 16.28, il fait cette promesse : « quelques-uns ici ne mourront pas avant de voir le Fils de l’homme venir comme roi. »

Et c’est ce qui va se passer, quelques jours après, sur une montagne où Dieu, donc, va parler.

 

Matthieu 17

1 Six jours après, Jésus emmène avec lui Pierre, Jacques et Jean le frère de Jacques. Il les conduit sur une haute montagne, loin des gens. 2 Sous leurs yeux, Jésus change d’aspect. Son visage brille comme le soleil et ses vêtements deviennent blancs comme la lumière. 3 Tout à coup, les trois disciples voient Moïse et Élie qui parlent avec Jésus. 4 Alors Pierre dit à Jésus : « Seigneur, c’est une bonne chose pour nous d’être ici. Si tu le veux, je vais faire ici trois abris, un pour toi, un pour Moïse et un pour Élie. »

5 Pendant qu’il parle, un nuage brillant arrive et les couvre de son ombre. Une voix vient du nuage et dit : « Celui-ci est mon Fils très aimé. C’est lui que j’ai choisi avec joie. Écoutez-le ! »

6 Quand les disciples entendent cela, ils tombent, le front contre le sol. Ils ont très peur. 7 Jésus s’approche, il les touche et leur dit : « Relevez-vous ! N’ayez pas peur ! » 8 Les disciples lèvent les yeux, et ils ne voient plus que Jésus seul.

 

Un Dieu mystérieux, hors de notre portée…

Etrange scène ! Qui tout en apportant une révélation assez spectaculaire amène une première question : qui est ce Dieu qui parle ici ?

Car ce que ce passage met d’abord en avant, c’est le caractère mystérieux de Dieu. Tout dans la scène y contribue : le lieu isolé où Jésus amène sa garde rapprochée, Pierre, Jacques et Jean – les témoins privilégiés. Le changement d’aspect soudain de Jésus, sa « transfiguration » - soudain, il se met à briller « comme le soleil », « comme la lumière ».

Quelques instants, la gloire du Fils de Dieu se laisse entrevoir... Et comme le jour du baptême de Jésus, la voix de Dieu retentit… mais on ne le voit pas. Il parle à travers la nuée.

Dans l’AT, cette nuée, ce brouillard est signe de la manifestation de Dieu.

Ce phénomène renvoie directement au moment où Dieu donne les tables de la Loi à Moïse sur le mont Sinaï. La nuée manifeste la présence de Dieu… mais une présence voilée, mystérieuse. Parce que Dieu est saint, c’est-à-dire à part, et que nous les humains ne pouvons pas le voir directement, ça serait insupportable pour nous. Personne ne peut voir Dieu et rester en vie ! Même Moïse et Elie, au cours de leur vie terrestre. Encore moins les disciples, ou nous-mêmes. 

On voit d’ailleurs le trouble et la peur provoqués juste par sa voix qui retentit :

« 6. Quand les disciples entendent cela, ils tombent, le front contre le sol. Ils ont très peur ». Pierre est tellement troublé qu’il se lance dans une proposition complétement décalée : « et si on montait trois tentes pour vous les amis ? ». Est-ce le trouble qui le fait parler comme ça ?

Dans la Bible, chaque fois que des humains sont confrontés à la manifestation de la présence glorieuse de Dieu, ils sont troublés, et même terrifiés. Qui ne le serait pas !

Parce que Dieu est le Tout-Autre, celui qui est hors de notre portée, dans sa parfaite sainteté, dans sa terrible puissance… Et s’il nous parle de façon indirecte, c’est par amour ! Parce que nous ne pouvons pas supporter de l’entendre directement.

Ce rappel est important pour fonder notre approche de l’écoute de Dieu. Ecouter Dieu, beaucoup de gens aujourd’hui le font, cherchent à l’entendre, bien au-delà du christianisme. Ecouter le divin, la Vie, l’Univers… sonder ce mystère du monde spirituel en tendant l’oreille… et le monde spirituel parle, en effet ! Mais est-ce vraiment Dieu ? Souvent hélas ! l’Adversaire, déguisé en ange de lumière, prend la parole à sa place  pour égarer les humains. Comment faire la différence ? L’expérience est tellement subjective. Même la vision que rapporte Matthieu ici a probablement pris la forme d’une expérience intérieure vécue par les trois disciples, qui ont reçu cette vision et entendu la voix !

Comment ont-ils su que c’était vraiment Dieu ?

Peut-être parce que justement la parole qui retentit vient « à travers les nuées », qu’elle est à la fois proche et distante, parole d’un Dieu souverain, puissant.

Parole aussi totalement cohérente avec les Ecritures et leur promesse d’un Roi à venir. La présence de Moïse et Elie dans la vision est importante, aussi, même s’il n’est pas si évident de l’interpréter. Ce sont en tout cas deux serviteurs fidèles qui ont reçu une révélation spéciale de Dieu, qui ont connu une intimité particulière avec lui ; Moïse devant le buisson ardent, sur le mont Sinaï, dans la tente de la Rencontre où il parlait à Dieu « comme un ami parle à son ami » ; Elie sur le mont Horeb où Dieu se révèle à lui dans « un souffle de fin silence ». Ce sont des précurseurs convoqués pour témoigner qu’en Jésus, un accomplissement se produit, lui qui est le Serviteur parfait, en pleine communion avec Dieu.

Un Dieu venu nous parler par Jésus

Enfin, le fait que la manifestation soit centrée sur Jésus est un élement de confirmation déterminant que la parole est divine : « celui-ci est mon Fils bien aimé. C’est lui que j’ai choisi avec joie. Écoutez-le ! »

Si Dieu parle, comment l’entendre ? La réponse nous est donnée ici par Dieu lui-même : en écoutant Jésus. Ecouter Jésus, c’est écouter Dieu.

Si on ne peut pas entendre Dieu nous parler directement, à cause de notre péché, de nos limites humaines… Dieu se fait entendre à nous à travers Jésus, notre frère en humanité : « Ecoutez-le ! »

Il est le visage et la voix de Dieu. Pas seulement un prophète, mais Dieu lui-même, Dieu le Fils, la Parole de Dieu devenue homme. « Celui qui m’a vu a vu le Père ».

Satan peut imiter certaines manifestations de Dieu, se faire passer pour Dieu… mais pas pour le Fils. Le fait que Jésus soit « glorifié » comme ici, mis en avant, honoré… est un signe incontestable que c’est l’Esprit de Dieu qui parle, et pas l’Adversaire, car « personne ne peut dire : « Jésus est le Seigneur ! », sinon par l'Esprit saint », écrit Paul.

Nous reviendrons pendant la campagne sur cette question du discernement dans l’écoute de Dieu.

Un Dieu qui vient « converser » avec nous !

La vision accordée aux disciples ici donne aussi quelques éléments de réponse à la question : Pourquoi Dieu nous parle-t ’il, finalement ? Et qu’attend-il de nous ?

Dans ce passage, on peut remarquer que le verbe « dire » prend plusieurs sens différents : il y a la parole de révélation, puissante, apportée par la voix de Dieu… mais aussi la conversation que Moïse et Elie ont avec Jésus, étonnamment ! Et ensuite, alors que la vision disparaît d’un coup, c’est la voix rassurante de Jésus qui se fait entendre : « levez-vous, n’ayez pas peur ! ».

Le Dieu qui se révèle ici souhaite établir une relation personnelle avec nous, comme il le fait avec Moïse et Elie.

Une relation de dialogue, même de « conversation ». Moïse et Elie « discutaient », « s’entretenaient » avec Jésus. Le terme grec employé dans ce v.3 exprime l’idée d’un échange, d’un partage dans une relation proche. Dans le contexte gréco-latin, la conversation était une clé d’interaction sociale majeure, comme c’est encore le cas dans notre cher sud ! Partager des nouvelles, des idées, débattre même… c’est nourrir la relation.

Voilà un Dieu qui appelle les créatures que nous sommes non pas simplement à l’écouter mais aussi à lui répondre librement, afin de le servir librement !

Un appel à converser avec lui, dans la prière, en tout lieu et tout temps – pas seulement les moments « religieux » ! - afin qu’une relation d’échange, de partage… d’amitié et d’amour…puisse s’établir avec lui, le Dieu créateur et saint.

En prenant la Cène, nous confessons que cette rencontre, c’est Jésus qui l’a permise, en prenant sur lui sur la croix tout le péché qui nous sépare de Dieu ;

C’est aussi en lui que Dieu vient vers nous, comme un interlocuteur accessible. Après que le Père ait parlé à travers la nuée, c’est la voix de Jésus qui reste, proche, rassurante : « n’ayez pas peur ». En disant cela, Jésus les « touche de sa main », pour les ramener à la réalité, où il va continuer la discussion avec eux.

Au v. 9, Jésus et les trois disciples descendent de la montagne, mais Dieu va continuer à leur parler à travers Jésus, dans un dialogue quotidien, dans la banalité des jours comme dans les moments plus extraordinaires.

C’est la même chose pour nous : ce n’est sans doute pas sur la montagne d’une expérience spectaculaire que nous entendrons la voix de Dieu, mais plutôt dans la vallée de notre quotidien, dans l’intimité de notre maison, quand nous prions. Dieu est pleinement présent là, avec nous, et il nous parle, d’une voix discrète, par son Esprit en nous, dans la prière, dans la Bible que nous méditons…

A nous de l’écouter activement, avec foi, avec attention…

Pendant ces six semaines, nous allons explorer différentes dimensions de cette écoute.

Comment entendre Dieu dans les Ecritures, dans la prière… comment discerner donc ce qui vient de lui… Dans quel état d’esprit écouter ?

Mais le plus important pour entendre ce que Dieu veut nous dire nous est donné dans ce passage : « Celui-ci est mon Fils bien aimé : écoutez-le ! »

Un dernier point avant de conclure : ce passage nous invite à écouter le Christ… non simplement pour satisfaire nos besoins personnels… mais comme on écoute un Roi, un Dieu ! Car c’est bien comme cela qu’il se manifeste ici : il est le Roi glorieux appelant chacun de nous à le suivre, à lui consacrer sa vie, à s’engager pleinement, à ses côtés, dans l’établissement de son Royaume de paix et d’amour. Les mots qu’il nous adresse  ne peuvent pas nous laisser immobiles, centrés sur nous-mêmes. Ils nous poussent  à bouger, à descendre la montagne pour aller vers le monde… Ils nous dérangent, nous délogent… pour nous faire passer de la mort à la vie !

Alors tendons l’oreille, le cœur ouvert, prêts à servir et à nous mettre en route avec le Christ…

Qu’il ouvre nos oreilles et nos cœurs à Sa Parole de vie.

Amen

 

Méditation

Quelqu’un parle, alors qu’on ne le voit pas.

 Cela signifie-t ’il qu’il n’existe pas, puisque tout ce qui existe est visible ?

Cela indique t’il que celui ou celle qui entend est la victime de son imagination ?

Je parle un peu ainsi, dit Dieu, sans que l’on me voie,

Et vous vous retrouvez dans la situation délicate et stimulante d’entendre ma parole sans jamais m’avoir vu.

Délicate, car l’erreur est possible ; vous pouvez confondre ma voix avec d’autres voix – la vôtre aussi.

Stimulante, car sans voir, il faut être d’autant plus attentif à la voix, quand elle parle

(Silence)

Quand je me tais, dit Dieu, ne pensez pas forcément que je suis absent.

Cela peut aussi vous inviter à écouter différemment… ou à prendre la parole !

Quand je parle, je ne suis ni avare de mots, ni bavard.

A vous d’entendre, et d’écouter !

 

 

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