Prédication du 20 avril 2025 - Culte de Pâques - Jean 20.11-28 : "Pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ?"
Pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ?
Lecture : Jean
20.1-18
Au milieu des récits de Pâques, ce sont les versets 11 à 18
qui ont retenu mon attention cette année. Nous y retrouvons Marie de Magdala,
qui ayant découvert que le tombeau de Jésus est vide s’effondre, en pleurs,
persuadée que le corps a été volé.
Dieu va alors lui accorder le privilège rare de deux
apparitions successives : deux anges, d’abord, puis Jésus en personne.
Et deux fois la même question va lui être posée : « pourquoi
pleures-tu ? ». Jésus ajoutera cette autre question, qui sera au
centre de notre méditation : « qui cherches-tu ? ».
Pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ?
Au-delà de Marie, ces questions peuvent nous rejoindre en ce
jour de Pâques et nous poussent à interroger qui est Jésus pour nous, et
la place que nous accordons, dans notre foi, à cet événement extraordinaire
qu’est la résurrection. Quel est le Jésus en qui nous croyons ? S’il
est celui dont parlent les Evangiles, le Vivant, celui qui a vaincu la mort et
se tient maintenant à la droite de Dieu, au-dessus de tout ce qui existe… quel
impact a-t-il sur notre vie et notre façon de voir la vie ?
Méditons cela en suivant le parcours que Jésus ici invite
Marie à suivre.
Pourquoi
pleures-tu ?
Au début de ce chapitre 20, Jean donne à voir les allées et
venues anxieuses des disciples sur le chemin du tombeau. Le désarroi suscité
par la disparition de son corps. Les incompréhensions, l’inquiétude de Marie de
Magdala. « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas
où on l'a mis. ». Elle a déjà perdu son maître, elle a assisté à son supplice
sur la croix, à sa mise au tombeau dans le secret, et voilà qu’en plus
quelqu’un est venu profaner son corps en l’enlevant… c’est trop.
On voit quelle vénération elle a pour Jésus… mais qui est-il
pour elle ? Qu’a-t’elle compris de sa véritable nature, de sa
mission ? Les larmes de Marie montrent que des annonces que Jésus avait
pourtant faites de sa mort nécessaire et de sa résurrection qui suivrait, Marie
n’a rien retenu. Elle a perdu son maitre bien aimé, voilà tout. La voilà
bloquée devant une porte que la mort semble avoir fermée pour toujours… et elle
est effondrée.
Alors pour lui venir en aide, Dieu dans son amour lui
envoie d’abord deux anges. Chez Luc et Matthieu, les anges sont là aussi, pour
apporter un message – c’est le rôle des anges. Chez Jean, ils ont mission un
peu différente : d’abord, ils sont une signature, ils manifestent
que c’est Dieu qui vient d’agir. Et surtout, ils viennent questionner Marie :
« pourquoi pleures-tu ? ».
Marie n’a pas le temps de répondre qu’aussitôt, une autre
présence est là près d’elle. Comme la plupart de ceux qui voient Jésus après sa
résurrection, Marie ne le reconnait pas au premier abord, car il faut
d’abord que la foi ouvre ses yeux. Pour l’instant, ils sont encore empêchés
de voir, par ses larmes et sa compréhension encore trop limitée de qui est
Jésus. Voilà que celui-ci lui repose la même question : « pourquoi
pleures-tu ? ».
Drôle de question, non ? Du point de vue de Marie, cela
semble évident. Pourquoi pleures-tu ?! Mais déjà, parce que la mort,
parce que Jésus a été torturé et crucifié, parce que l’espérance qu’il avait
suscitée a été enfermée dans un tombeau avec lui. Faut-il d’autres raisons ?
Comment ne pas la comprendre, Marie, dans ce moment de détresse ? Espoirs
déçus, deuil et perte, être frappé par des épreuves qu’on pensait réservées aux
autres … cela, nous le connaissons tous à un moment ou l’autre.
Oui mais… si Marie n’avait pas encore compris ce qui se
passait vraiment, nous le savons, n’est-ce pas ? Nous savons que tout
est différent désormais, parce que Jésus est ressuscité !
Que la mort n’est pas la fin. Que le Christ l’a vaincue et a
ouvert une brèche au travers d’elle. Pourtant nous pleurons aussi,
souvent. C’est si difficile de comprendre, et de croire, ce que Dieu a
réellement accompli le matin de Pâques, et en quoi cela change nos vies.
Jésus ne nous le reproche pas. Comme il le fait avec Marie,
il vient vers nous, pour nous sortir des larmes et nous amener avec lui vers la
vie.
Qui
cherches-tu ?
C’est ce qu’il fait ici en interrompant le deuil de Marie
par ces deux questions : en demandant « pourquoi
pleures-tu ? », Jésus vient enrayer le cycle de ses larmes. Et
en demandant : « qui cherches-tu ? », il la pousse sans
doute à prendre du recul, pour se souvenir de ses paroles. Comme dans le
récit de Luc, les anges le font en disant à Marie et celles qui l’accompagnent :
« pourquoi chez-vous parmi les morts celui qui est vivant ? ». Autrement
dit : ne savez-vous pas qui il est ? « Rappelez-vous ce qu'il
vous a dit lorsqu'il était encore en Galilée : 7“Il faut que
le Fils de l'homme soit livré à des pécheurs, qu'il soit
crucifié et qu'il ressuscite le troisième jour ». (Luc 24.7).
« Qui cherches-tu ? ». Qui suis-je pour
toi ? As-tu compris, Marie, que je suis davantage qu’un messie
humain ? Marie… je t’appelle par ton nom, pour que tu réalises qui te
parle, que tu t’arraches à ton désespoir pour regarder à moi.
Alors elle se retourne et son cœur parle le premier : « rabbouni », ce qui signifie « maître » ! Un terme utilisé pour désigner Dieu : Marie est en train de comprendre. Patiemment Jésus éveille sa foi, pour lui ouvrir les yeux, comme il le fait avec nous qu’il connait aussi personnellement. Il nous appelle, sans se lasser, nous invitant à détourner les yeux de ce qui nous fait souffrir, pour le regarder, lui Jésus, et entrer dans cette réalité dans laquelle il est ressuscité, vraiment ressuscité, et présent près de nous pour nous amener au Père.
C’est si contraire à tout ce que nous avons appris de la
vie, pas étonnant que comme Marie, nous ayons tant de mal à vivre cette
réalité. Il nous faut du temps, comme il en a fallu à Marie qui a encore besoin
que Jésus l’amène plus loin. Car sur l’instant, Marie croit sans doute que Jésus
est juste revenu à la vie. Ca veut dire que l’histoire va pouvoir
reprendre là où elle s’est arrêtée, qu’elle va le retrouver comme il était.
C’est pourquoi il lui dit : « ne me retiens pas, car je ne suis pas
encore monté vers le Père. Mais va vers mes frères et dis-leur : “Je monte vers
mon Père qui est aussi votre Père, vers mon Dieu qui est aussi votre Dieu.”
Si on reformule, Jésus dit ici : « Marie, tu n’as pas
besoin d’essayer de me retenir comme si j’allais disparaître pour toujours. Je
ne suis pas juste revenu à la vie, je ne suis pas non plus un rêve devenu
réalité, je suis en train de manifester à tous qui je suis vraiment, le Fils du
Dieu vivant, et je serai désormais avec toi pour toujours. Alors ne cherche pas
à me retenir, mais va dire à mes frères que je suis en train de monter vers mon
Père, qui est aussi votre Père désormais, grâce à mon sacrifice ».
Alors Marie croit pleinement, elle comprend ce
qui s’est vraiment passé et va l’annoncer aux disciples : « j’ai vu le
Seigneur » - Jésus, Fils de Dieu fait homme maintenant pleinement
manifesté dans sa gloire.
Pourquoi
pleurons-nous ? Qui cherchons-nous ?
Ainsi donc, comme Marie, nous pouvons croire sincèrement en
Jésus mais être empêchés d’y voir clair à cause de trop de larmes, de
difficultés. Encore une fois, les raisons d’être écrasés de tristesse et de
désespoir sont si nombreuses !!
Dieu ne nous en fait pas le reproche, mais dans son amour,
il vient vers nous pour ouvrir nos yeux et nous appeler à sortir de la
nuit : « pourquoi pleures-tu ? Je suis là, j’ai vaincu la mort,
je t’ai racheté et j’ai fait de toi mon enfant. Parce que tu crois en moi, tu
ne mourras pas, mais tu auras la vie éternelle. Alors pourquoi
pleures-tu ? ».
Paul exprime cela lui aussi en 1 Thessaloniciens
4.13-14 : « ne soyez pas tristes de la même manière que les autres,
ceux qui n'ont pas d'espérance. 14Nous croyons que Jésus est
mort et qu'il est ressuscité d'entre les morts ; de même, nous
croyons que Dieu, par Jésus, ramènera avec lui ceux qui sont morts ».
Alors pourquoi pleurons-nous ? Peut-être parce que comme Marie, notre compréhension de Christ et de l’espérance qu’il apporte est encore limitée. Et cela impacte directement toute notre existence : comment vivre une vie de paix d'espérance si nous ne croyons pas que Jésus lui-même est ressuscité et qu'il a vaincu la mort ?
La peur de mourir, la peur de rater notre vie, la peur du temps
qui passe nous travaillent, et c’est bien humain. Mais ce n’est pas une
fatalité, car le Christ est ressuscité ! « Par sa mort, dit la lettre
aux Hébreux, il a pu écraser le diable, qui détient la puissance de la
mort ; 15il a délivré ceux que la peur de la mort rendait
esclaves durant leur vie entière » (Hébreux 2.14-15).
Une grande femme de foi a dit à ce sujet : « si
vous n’avalez pas votre mort et votre peur d’un seul coup, vous ne ferez jamais
rien de bon ». Pour ma part, c’est un travail sans cesse à reprendre, il
en reste toujours au fond du verre et sans doute que c’est notre cas à tous.
Mais je suis interpelé par le fait que ce soit précisément l'absence de peur de
la mort qui a donné tout son poids au témoignage des premiers croyants.
1 Corinthiens 15 nous l’a rappelé, la conviction que Jésus
est vraiment ressuscité est ce qui donne toute sa valeur, toute son
sens, toute sa puissance à notre foi – lui seul, le Seigneur de la vie, peut
nous permettre d’avaler d’un seul coup notre mort et notre peur, par la
puissance de son Esprit et Sa Parole.
Imaginons : qu'est-ce que ça changerait si nous croyions
vraiment que Jésus est ressuscité, qu'il règne aujourd’hui, qu'il est présent
en nous dans sa pleine divinité par son Esprit, et que par lui nous sommes les
enfants de Dieu ?
Moins de larmes et plus de joie, de paix, avec des victoires,
avec des transformations, avec un témoignage et un impact réel sur le monde...
Certes, Jésus aussi a pleuré, à la mort de son ami Lazare.
Mais ses larmes n’étaient pas l’expression d’un désespoir mais celle d’une compassion et
d’une souffrance presque métaphysique : Jésus savait qu’il allait rendre
la vie à Lazare, mais la souffrance de ses amies, la confrontation violente au
scandale du mal et de la mort… tout cela le « saisit aux entrailles »
à ce moment-là.
Quand Marie pleure devant le tombeau, c’est le désespoir qui parle. Nous
sommes invités à passer des larmes de Marie à celles de Jésus – en entrant dans
l’espérance de la Résurrection !
Tout cela ne dépend pas de nous, mais de celui qui est
vivant. Comme il a appelé Marie par son nom, il nous appelle aussi, chacun,
personnellement. Il est présent ici ce matin et le sera quand nous rentrerons
chez nous, présent pour apporter sa vie dans nos week-ends de détente et nos
chambres de malade, les jardins de nos barbecues et ceux de nos cimetières.
Alors ne le cherchons plus parmi les morts ! Reconnaissons
humblement notre difficulté à croire, et appelons le Seigneur à l’aide, car sans
lui nous ne pouvons rien faire – mais avec lui, nous vaincrons la mort !
Amen
Commentaires
Enregistrer un commentaire