Prédication du 30 mars 25 - Actes 10.18-48 - Une écoute qui me déplace
Petit préambule : afin de suivre la prédication ci-dessous, il est indiqué de lire Actes 10. 1-18 avant. Ce passage a été lu pendant la première partie du culte au cours duquel ladite prédication a été partagée.
Alors que Pierre se remet à peine de ces visions étonnantes,
le Saint-Esprit l’avertit que trois hommes sont là, devant chez lui, divinement
appelés, et que Pierre doit les suivre. Encore profondément remué, Pierre
obéit et se présente à eux : « Pourquoi êtes-vous venus ? » leur
demande-t’il ? « Nous venons de la part du centurion Corneille, répondent
les envoyés. C'est un homme droit, qui reconnaît l'autorité de Dieu et que
tous les Juifs estiment. Un ange de Dieu lui a recommandé de te faire
venir chez lui pour écouter ce que tu as à lui dire ».
Ce Corneille vit à Césarée, à 10 heures de marche de là. Mais
Pierre accepte : ils partiront demain. D’ici là, les messagers sont les
bienvenus chez lui.
Cette nuit-là, Pierre a du mal à dormir. Intérieurement, il
est partagé, troublé. Comment le Seigneur a-t-il pu lui faire manger des choses
que les Ecritures déclarent impures ?! Pourtant il a bien entendu : « Ne
considère pas comme impur ce que Dieu a déclaré pur ».
Qu’est-ce que Dieu veut lui dire ? Quel rapport avec ce
centurion romain ? Un romain, quand même ! Un envahisseur, un ennemi
des juifs… aller chez lui ! Ces gens ne sont-ils pas des impies, qui
adorent des statues et qui méprisent le Dieu d’Israël ?!
Leurs chefs ont crucifié Jésus ! Comment le
Dieu saint pourrait-il s’intéresser à l’un d’entre eux ?
Pierre a bien des préjugés sur
les Romains... Nous aussi, tout en confessant l’égalité de tous devant Dieu, avouons-le :
nous avons des préjugés sur les autres cultures. Même au sein de l’Eglise !
L’idée que les gens de telle origine ne sont pas les plus organisés… que
ceux-là ont tendance à être un peu trop bruyants… eux par contre sont tous
gentils, et quels bons musiciens ! Pourtant aucun d’entre eux n’est jamais
rentré au conseil, et personne ne s’en étonne…
Et si nous regardions honnêtement
ces préjugés inacceptables qui nous habitent, pour les soumettre à Dieu afin qu’il
purifie notre regard de tout jugement et de tout l’orgueil qui va avec ?
****
La nuit est passée, et le lendemain, Pierre se met en route
avec les messagers et quelques croyants qu’il a embarqués avec lui, en
renfort au cas où.
La route est longue… Pierre a le temps de ruminer ses
questions, d’imaginer ce qu’il va dire ou faire pour ne pas se laisser "contaminer" par ce Romain…
Mais dès leur arrivée, Corneille qui était là, tendu dans l’attente,
se précipite et tombe à genoux devant Pierre. Gêné et pris de court, celui-ci
lui demande de se relever : « Lève-toi, je ne suis qu'un être
humain, tout comme toi. » Et tous les deux commencent à parler. Et
Pierre va entrer dans une maison païenne pour la première fois de sa vie. De
nombreuses personnes sont présentes. C’est très déstabilisant pour Pierre d’être
là. Il dit : « Vous savez qu'un Juif n'est pas autorisé par sa
religion à fréquenter un étranger ou à entrer dans sa maison ? Mais
Dieu m'a montré que je ne devais considérer personne comme impur ou indigne
d'être fréquenté. C’est pour cela que je suis venu. Mais pourquoi moi ? ».
Corneille lui répond alors : « Il y a trois jours
exactement, à trois heures de l'après-midi, je priais chez moi. Tout à coup, un
homme aux vêtements resplendissants était là, devant moi, et il m’a dit :
“Corneille, Dieu a entendu ta prière et il s'est souvenu de l'aide que tu as
apportée aux pauvres. Envoie donc quelqu'un à Jaffa pour en faire venir
Simon, surnommé Pierre. Il loge dans la maison d'un autre Simon, un ouvrier du
cuir qui habite au bord de la mer.” J'ai immédiatement envoyé des gens te
chercher et tu as bien voulu venir. Maintenant, nous sommes tous ici devant
Dieu pour écouter tout ce que le Seigneur t'a chargé de dire. »
Pierre est stupéfait. Pas de doute possible, c’est
bien le Saint Esprit qui a parlé à ce païen, et qui l’a appelé ici. Pierre sent
bien que Corneille n’est pas plus à l’aise que lui dans ces circonstances. Tout
est nouveau pour le Romain qui ne sait pas trop quoi attendre de Pierre… et
inversement ! « Ecouter ce que le Seigneur l’a chargé de dire »…
de quoi parle-t’il ? Pierre sait juste qu’il devait venir !
Et peu à peu il comprend : le message dans la vision
était pour le Romain aussi bien que pour lui !
Nous aussi, en écoutant Dieu et
nous laissant conduire par lui, nous allons être amenés dans des
situations nouvelles, où nous ne serons pas toujours très à l’aise… et
il est fort possible que nos interlocuteurs ne le soient pas non plus ! Faisons
confiance au Seigneur : il sait ce qu’il fait ! L’important c’est
qu’avec son aide, nous soyons des sources de bénédiction pour tous
ceux qu’il place sur notre route.
De plus, perdre nos repères
rassurants nous rend humbles devant Dieu et devant les autres, et c’est une
bonne chose. Rien n’est plus contraire au modèle de Jésus que d’aborder quelqu’un
de haut, juché sur nos certitudes. Oui Pierre fait partie du peuple élu… mais cette
élection est d’abord un appel à bénir les autres, d’un cœur humble. Et ici,
l’apôtre reçoît une belle leçon de foi de la part de ce romain : Dieu l’a
remarqué pour sa compassion envers les autres et pour la profondeur de sa
recherche spirituelle… alors que Pierre, lui, a eu droit à une remise en
cause !
Peu à peu l’apôtre comprend ce que Dieu l’a envoyé dire
à Corneille. Alors il prend la parole : « Maintenant, je comprends
vraiment que Dieu n'avantage personne : 35tout être
humain dans le monde qui reconnaît son autorité et qui fait ce qui est juste,
lui est agréable. 36Il a envoyé ce message au peuple d'Israël,
la bonne nouvelle de la paix par Jésus Christ, qui est le Seigneur de tous
les êtres humains ».
Pierre a été envoyé pour apporter à Corneille ce qui
lui manque pour rencontrer Dieu : l’Evangile.
Cet Evangile qu’il va alors partager : « Vous
savez ce qui est arrivé d'abord en Galilée, puis dans toute la Judée, après que
Jean a annoncé la bonne nouvelle et baptisé. Vous savez comment Dieu a
choisi Jésus de Nazareth pour son service et lui a accordé la puissance
de l'Esprit saint. Vous savez aussi comment Jésus a parcouru le pays
en faisant le bien et en guérissant tous ceux qui étaient sous le pouvoir
du diable, car Dieu était avec lui. Et nous, nous sommes témoins de
tout ce qu'il a fait dans le pays des Juifs et à Jérusalem. On l'a
fait mourir en le pendant au bois de la croix. 40Mais Dieu
l'a ressuscité le troisième jour ; il lui a donné d'apparaître, 41non
à tout le peuple, mais à nous que Dieu a choisis d'avance comme témoins. Nous
avons mangé et bu avec lui après que Dieu l'a ressuscité d'entre les morts ».
Une rumeur de surprise parcourt l’assemblée.
Pierre continue : « 42Il nous a
commandé d'annoncer la bonne nouvelle au peuple et d'attester qu'il est celui
que Dieu a établi pour juger les vivants et les morts. 43Tous
les prophètes ont témoigné à son propos, en disant que toute personne
qui croit en lui reçoit le pardon de ses péchés par le pouvoir de son
nom.»
Pendant que Pierre parle, quelque chose d’incroyable se
produit : l'Esprit saint descend sur tous ceux qui sont en
train de l’écouter. Stupéfaction chez les croyants d'origine juive qui
étaient venus avec Pierre : quoi ! L’Esprit Saint répandu sur des
non juifs ! Le fait était évident : ils entendaient ces
personnes parler en langues inconnues et louer la grandeur de Dieu, comme cela
s’était produit à Jérusalem pour les apôtres.
Nouvelle leçon d’humilité pour Pierre : ce don de l’Esprit Saint, cette
expérience incroyable du parler en langues n’était donc pas le privilège
des croyants les plus proches de Jésus ?
Ecouter Dieu conduit Pierre à
ouvrir ses horizons et son cœur d’une façon qu’il n’aurait jamais imaginée !
Jusque-là, il pensait encore que la foi en Jésus était une branche du judaïsme,
le privilège d’Israël et qu’il était important que l’Eglise veille sur ses frontières,
se tienne à l’écart du monde, comme les juifs le faisaient avec les
non-juifs.
Ici Dieu lui révèle que la
foi chrétienne ne se définit pas par ses frontières, mais par son cœur, qui est
cet Evangile qu’il vient lui-même de raconter à ces gens si éloignés de
lui en tout – leur culture, leur morale, leurs croyances… et qui pourtant deviennent
des frères et sœurs à aimer !
La foi chrétienne ne se définit pas par ses frontières, mais par son cœur. Notre rôle de chrétien n’est pas de tracer des limites protectrices autour de l’Eglise.
Notre appel de chrétiens est
plutôt de mettre en avant le Jésus des Evangiles et de l’imiter, lui qui
allait à la rencontre de tous, surtout ceux qui étaient considérés
infréquentables, qui « parcourait le pays en faisant le bien »...
Qui sont les « non-juifs »
pour nous ? Nous aussi, l’Esprit de Dieu nous pousse à les rencontrer,
pour les bénir en son nom. Qu’allons-nous faire ?
***
A ce moment-là, Pierre n’a plus qu’à célébrer l’œuvre du
Seigneur dans la vie de ces personnes, et les accueillir joyeusement au nom
du Christ : 47« Pourrait-on empêcher ces gens d'être
baptisés d'eau, maintenant qu'ils ont reçu l'Esprit saint aussi bien que nous ? »
dit-il. Il ordonne alors de baptiser au nom de Jésus Christ Corneille et
tous ceux de sa maison qui ont cru avec lui.
Ces nouveaux chrétiens lui demandent alors « de
rester quelques jours avec eux ». Ils sont soif d’en savoir plus !
Ils veulent apprendre, louer Dieu, savoir comment vivre maintenant !
Et Pierre, qui deux jours avant n’aurait jamais accepté de
poser le pied chez un romain… va rester là, et prendre du temps avec ces
nouveaux frères et sœurs.
Pierre est comblé, rempli de joie et d’émerveillement…
même si dans un coin de sa tête, il redoute un peu la réaction des autres apôtres
quand il va leur dire qui il a baptisé…
Peu importe, se dit-il, on verra bien. D’ici là, place à
la joie, et gloire à Dieu ! Vraiment, son amour dépasse ce que nous pouvons
imaginer. Sa grâce est si puissante, si large ! Pierre a hâte de découvrir
jusqu’où elle va l’emmener…
Amen
L’écoute de ce récit m’a-t-elle « déplacé » ?
Ai-je entendu un encouragement ? Une remise en question ? Une
invitation à poser certains actes ? A faire évoluer certaines façons de voir ?
…
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