Prédication du 25 mai 25 - Jean 15. 1-10 - « Demeurez unis à moi » : ralentir pour une communion d’amour avec le Christ
Il y a sur la terrasse du
presbytère une belle vigne grimpante, qui semblait morte et qui ce printemps
est repartie de plus belle.
C’est une joie de la voir se développer avec vivacité ;
par sa croissance impressionnante elle est une belle image de vie – et bien sûr,
quand je regarde les petits sarments pousser sur le cep, elle me renvoie au
passage de la Bible, en Jean 15, où Jésus prend l’image de la vigne pour parler
de la relation vivifiante qu’il nous invite à avoir avec lui :
« je suis le cep, vous êtes les sarments ».
C’est un passage souvent médité, mais qui ne cesse de révéler
sa profondeur simple. Une parole de Jésus dans ce texte m’accompagne au
quotidien : « sans moi, vous ne pouvez rien faire ». Un rappel
nécessaire chaque jour, car c’est chaque jour que j’ai besoin, que nous
avons besoin d’entendre cet essentiel de l’Evangile : l’invitation que
Jésus nous adresse à vivre de sa vie, à agir avec sa force, à avancer en
relation intime avec lui – et pour cela, de cesser de mettre le faire
en premier pour chercher d’abord la communion avec lui.
Ecoutons ce passage en
Jean 15.1-10
1Moi
je suis la vraie vigne et mon Père est le vigneron. 2Il
enlève tout sarment qui, uni à moi, ne porte pas de fruit, mais il taille,
il purifie chaque sarment qui porte du fruit, afin qu'il en porte
encore plus. 3Vous, vous êtes déjà purs grâce à la parole que
je vous ai dite. 4Demeurez unis à moi, comme je suis uni à
vous. Un sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même, sans être uni à la
vigne ; de même, vous non plus vous ne pouvez pas porter de fruit si vous ne
demeurez pas unis à moi. 5Moi je suis la vigne, vous êtes les
sarments. La personne qui demeure unie à moi, et à qui je suis uni, porte
beaucoup de fruits, car sans moi vous ne pouvez rien faire. 6La
personne qui ne demeure pas unie à moi est jetée dehors, comme un sarment, et
elle sèche ; les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu et ils
brûlent. 7Si vous demeurez unis à moi et que mes paroles
demeurent en vous, demandez ce que vous voulez et cela sera fait pour
vous. 8Voici comment la gloire de mon Père se
manifeste : quand vous portez beaucoup de fruits et que vous vous montrez ainsi
mes disciples. 9Tout comme le Père m'a aimé, je vous ai
aimés. Demeurez dans mon amour. 10Si vous obéissez à mes
commandements, vous demeurerez dans mon amour, tout comme j'ai obéi aux
commandements de mon Père et que je demeure dans son amour.
Jésus
la vraie vigne
L’image de la vigne est très riche, très parlante pour nous
qui vivons entourés de bons crus. Mais ici, elle a un sens particulier ;
elle renvoie à l’AT où la vigne est couramment le symbole d’Israël, le peuple
de l’alliance de Dieu. Plusieurs passages décrivent Dieu comme un vigneron qui
prend soin de sa vigne, et en attend donc des fruits… hélas ! s’agissant
d’Israël, les fruits sont absents, à cause de l’infidélité du peuple qui se
détourne de Dieu et fait le mal volontairement.
Mais tout est différent avec Jésus : lui, il est la vraie vigne, celui
qu’annonçait le peuple d’Israël, celui qui porte du bon fruit. Ceux qui
désirent maintenant faire partie du peuple de Dieu doivent cultiver une
juste relation avec lui. Voilà ce que ce passage met en avant.
Demeurez unis à moi :
La qualité de relation avant l’action
Cultiver une juste relation avec Jésus : « 5Moi
je suis la vigne, vous êtes les sarments. La personne qui demeure unie à moi,
et à qui je suis uni, porte beaucoup de fruits, car sans moi vous ne pouvez
rien faire. 6La personne qui ne demeure pas unie à moi est
jetée dehors, comme un sarment, et elle sèche ». L’image est imparable,
car s’il est évident qu’un sarment qui n’est plus relié au cep ne produit plus
de raisin...de même, sans relation personnelle avec Jésus, pas de fruits non
plus.
Quel est le « fruit » dont parle Jésus ici ?
Le mot désigne ici tout ce que produit la prière au nom de Jésus, y
compris l’obéissance à ses commandements, l’expérience de la joie et de la
paix, l’amour, un témoignage qui a un effet, des victoires sur le péché dans
nos vies…
Tout ce que nous souhaitons vivre, n’est-ce pas ?
Jésus est clair : la condition pour vivre tout cela,
c’est de cultiver une intimité avec lui.
« Demeurez unis à moi ».
Ce que dit Jésus ici, c’est qu’être avec Dieu est
plus important que faire pour Dieu. C’est d’abord une question de
priorité, d’ordre. D’abord, la relation, ensuite l’action. D’abord, l’ancrage
au cep, ensuite les beaux raisins.
Disons-le, c’est contraire à nos élans naturels : d’abord,
faire, agir ! Et même chercher à bien agir, agir parfaitement.
L’idée de mériter par-là l’attention positive de Dieu n’est
jamais loin, même elle est toujours un peu là, ravivée par notre insécurité
profonde de personnes marquées par le péché, inquiètes d’être coupées de la
source de vie. Jésus annonce la grâce : méritons-nous tant de bonté ?
Est-ce qu’il ne faut pas d’abord faire ses preuves, est-ce
que le verset 10 ne dit pas cela ? « 10Si vous
obéissez à mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, tout comme j'ai
obéi aux commandements de mon Père et que je demeure dans son amour ».
Bien sûr, on ne peut prétendre aimer Dieu si on ne cherche
pas à faire ce qu’il demande, si l’on base notre vie sur nos choix et nos
envies plutôt que sur ses commandements, sa Parole, en particulier dans
nos choix éthiques.
Mais cette obéissance concrète sera une réponse libre
et – autant que possible ! – désintéressée, à l’amour de Dieu, pas
une condition préalable pour être aimé ni une façon de gagner des bons
points à mettre dans notre dossier.
La façon dont la plupart d’entre nous sont chroniquement
débordés, surchargés, engagés au-delà de leurs capacités physiques et
émotionnelles… ou toujours un peu inquiets de ne pas faire assez, ou pas assez
bien… ou au contraire plus ou moins en retrait dans leur engagement de
foi…montre que la chose est loin d’être acquise pour nous. Il y a là
un vrai sujet.
Il est bienfaisant de constater que le mot clé du passage
n’est pas « obéissez » mais « demeurez », un terme qui place
en premier cette une qualité de relation que Dieu offre à tous
ceux qui le désirent – quelque chose qui repose entièrement sur sa décision à
lui de se rendre accessible à ceux qui le cherchent dans son fils Jésus.
Demeurez unis à moi :
Une intimité qui nous transforme
« La personne qui demeure unie à moi, et à qui je suis
uni, porte beaucoup de fruits, car sans moi vous ne pouvez rien faire ». Mais
de quelle union parle Jésus ? et de quel fruit ?
Cela peut sembler un peu « mystique »… et de fait,
en théologie chrétienne, on parle « d’union mystique » pour décrire cette
expérience spirituelle profonde dans laquelle quelqu’un ressent une connexion
intime et transformative avec Jésus-Christ
C’est une connexion que nous accorde Dieu quand il vient
habiter en nous par son Saint Esprit, quand nous mettons notre foi en Jésus.
C’est aussi une intimité, une communion d’amour à
cultiver, dans la prière, l’écoute, la méditation tranquille de la Bible.
Il est fréquent que dans les Eglises, des gens servent,
conduisent la louange et le culte, prêchent même… sans cultiver de relation
personnelle avec le Seigneur dans la prière et l’écoute de Sa Parole… et
sans que personne ne s’en inquiète, à cause de cette tendance à valoriser
l’action plutôt que la qualité de la vie spirituelle.
Servir ainsi en apnée spirituel, en puisant dans nos réserves propres…cela n’empêche pas de faire des choses très bien en apparence, qui contentent tout le monde… mais c’est aller vers l’assèchement et le découragement à court ou moyen terme. Cela Quels fruits peut-on attendre d’un rameau déconnecté de son cep ? Si nos fruits sont juste « humains », quelle différence y a-t’il entre l’Eglise et tous les autres groupes religieux, philosophiques, politiques ?
Si nous voulons que notre Eglise soit en bonne santé, que
notre témoignage rayonne, que nos vies soient épanouies… il nous faut donc cesser
de mettre le faire en premier, dans nos agendas et nos critères, pour cultiver
d’abord notre intimité avec Dieu.
Personnellement, et collectivement, nous encourager à
cela, nous soutenir dans ce domaine, veiller les uns sur les autres.
La condition de la fécondité c’est que nous donnions à
Dieu un accès complet à toutes les dimensions de notre vie et que nous lui ouvrons
constamment la porte de notre cœur. Et cela ne peut pas se faire dans la
précipitation, entre deux portes, avec juste de petits moments de prière
rapides ici ou là, un verset pour la route entre deux rendez-vous.
Mais en faisant moins de choses pour être davantage avec lui,
nous pourrons expérimenter cet ancrage en Dieu, ce repos en Dieu auquel
Jésus nous invite ici.
Quand nous comprenons que nous n’avons pas besoin d’être
Dieu à la place de Dieu et que nous pouvons nous reposer sur lui…
Que ce n’est pas quand nous nous épuisons dans le service ou
quand nous courons après les connaissances et les expériences spirituelles que
le Saint Esprit nous transforme le plus, mais quand nous nous arrêtons pour
l’écouter et lui ouvrir notre cœur, dans la prière…
Alors il peut vraiment agir en profondeur en nous …
et nous pouvons aimer de cet amour mûr pour les
autres qui est la seule vraie marque de
la maturité spirituelle, la seule que le Diable ne peut pas imiter, car elle ne trouve sa source que dans l’intimité avec le
Christ.
Demeurez unis à moi :
Une décision radicale nécessaire
Quelle est donc notre part principale dans l’œuvre de Dieu ?
Rester unis constamment à Jésus-Christ.
Et comment faire ? Rassurons nous, dans ce domaine nous
ne sommes pas les premiers, et l’exemple des chrétiens du passé peut nous
inspirer.
Par exemple la façon dont la recherche d’une communion d’amour avec Jésus a conduit des hommes et des femmes, au IVe siècle, a décider de vivre en ermites dans les déserts de Syrie, de Palestine et d’Egypte (Pères et Mères du Désert).
L’un d’entre d’eux s’appelait Antoine.
« Après avoir reçu une excellente éducation de ses parents chrétiens en
Egypte, Antoine commença à vivre dans la solitude, jusqu’à se retirer dans le
désert pendant 20 ans pour prier et méditer la Parole de Dieu »[1].
Il voulait trouver la liberté intérieure et apprendre à prier de tout son
cœur.
« Quand il sortit de sa solitude après 20 ans, les gens
furent étonnés de sa santé physique, émotionnelle et spirituelle, et on se
venait de partout demander ses conseils. Dieu l’utilisa puissamment ». On
l’appela « Antoine le grand », mais toute sa force venait de sa
communion avec le Christ dans la prière.
L’exemple d’Antoine montre
qu’une décision radicale de vivre avec le Christ est nécessaire, et qu’il
nous faut mettre en place les conditions matérielles pour que ça se passe.
En même temps, il est normal que cela prenne du temps. C’est un chemin de
patience. Antoine disait : « chaque jour, je commence ».
Qu’allons-nous mettre en place pour stimuler notre vie
de prière et de méditation et « demeurer unis à Christ » ?
Définir une discipline personnelle simple, dans un cadre régulier, est
nécessaire. C’est comme le sport : Si on se dit qu’on peut en faire
tout le temps, on n’en fait jamais, mais si on s’inscrit dans un club… on en
fait vraiment.
Un cadre bienfaisant :
la vie spirituelle en 3D (seul, en groupe, en assemblée).
Pas de culpabilité ici : avançons par petites étapes, comme nous pouvons. On n’en vient pas à
« prier sans cesse » d’un seul coup ! Faire du tri, déjà :
quelles sont les choses, dans nos journées, qui nous éloignent …. Et quelles
sont celles qui nous en rapprochent ?
Pourquoi aussi ne pas mettre une alerte en milieu de journée
pour lire quelques versets et prier ? C’est possible même au
travail !
Encore une fois, ce n’est pas ce que nous allons faire
qui compte dans l’absolu – lire davantage la Bible, prier davantage, etc. – ce
qui compte c’est comment cela va stimuler notre vie spirituelle, notre vie de
prière, et nous aider à « demeurer unis » au Christ, comme le
sarment au cep de vigne.
Posons des choix et persévérons, un pas après l’autre,
humblement, patiemment. Adoptons ce mot d’ordre d’Antoine : Chaque jour
je commence.
Amen
Question :
Qu’est-ce que je vais expérimenter cette semaine pour
stimuler ma relation personnelle avec Jésus ?
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