Prédication du 4 mai 2025 - Marc 13.3-27 - Fin du monde : attention aux Fake News qui égarent !
Là où cela nous rejoint – douloureusement – c’est que de
nombreux chrétiens suivent le sillage de ces « fake
news », dont un certain nombre sont fabriquées exprès pour eux à des fins politiques, se présentant comme des « décryptages » bibliques
de l’actualité.
Tant il est vrai qu’en période de trouble, l’un des
réflexes "évangéliques" est de chercher ce type de
« clés » bibliques pour expliquer l’actualité, en y cherchant aussi des
« signes » que le Seigneur revient bientôt.
Or, sur internet et les réseaux sociaux, d’innombrables
vidéos circulent sur ces sujets.
J’en reçois moi-même un très grand nombre :
application de prophéties bibliques à l’actualité, pseudo-prophéties en lien
avec l’actualité… tout cela mêlé de complotisme et de rumeurs...
Ces sujets rencontrent aussi un succès croissant parmi
les chrétiens, tous les pasteurs le constatent.
N’est-ce pas normal, diront certains ?
Est-ce que Jésus n’a pas lui-même donné des
signes et des révélations sur la fin des temps ?
En effet, Jésus a enseigné sur ce sujet. Mais surtout pour mettre en garde ses disciples contre toutes les fake news qui, après son départ, chercheront à les détourner de son enseignement.
C’est devant le Temple de Jérusalem que Jésus a donné
l’un de ses principaux enseignements sur le sujet. Alors que les disciples
s’extasient sur la beauté et la solidité de ce bel édifice, Jésus leur annonce
que bientôt, il sera totalement détruit. Interloqués, les disciples
veulent alors en savoir plus.
En ce printemps 2025 agité, il est bon de réentendre
l’enseignement que le Seigneur leur apporte alors.
Marc 13
3 Jésus s'assit au mont des Oliviers, en face du temple. Pierre,
Jacques, Jean et André l'interrogeaient à l'écart :
4 « Dis-nous quand cela se passera et quel signe indiquera que
tout cela va se terminer. »
5 Alors Jésus se mit à leur dire : « Faites attention que personne
ne vous égare.
6 Beaucoup viendront en mon nom et diront : “C'est moi !” Et ils
égareront quantité de gens.
7 Quand vous entendrez parler de guerres et de rumeurs de guerres,
ne vous effrayez pas ; il faut que cela arrive, mais ce ne sera pas encore la
fin. /
8 Car on se dressera peuple contre peuple, royaume contre royaume
; il y aura des tremblements de terre en divers lieux, ainsi que des famines.
Ce sera comme le commencement des douleurs de l'accouchement.
9 Faites attention à vous-mêmes. Car on vous livrera aux tribunaux
; on vous frappera dans des synagogues. On vous fera comparaître devant des
gouverneurs et des rois à cause de moi ; ce sera pour eux un témoignage.
10 Mais il faut d'abord que la bonne nouvelle soit annoncée à tous
les peuples. /
(…)
13 Tout le monde vous détestera à cause de moi. Mais celui qui
tiendra bon jusqu'à la fin sera sauvé.
14 Lorsque vous verrez celle qu'on appelle “l'horreur abominable”
installée là où elle ne doit pas être – que celui qui lit comprenne bien cela !
– alors, ceux qui seront en Judée, qu'ils s'enfuient vers les montagnes ; (…)
19 … en ces jours-là, il y aura une détresse plus grande que
toutes celles qu'on a connues depuis le commencement du monde, quand Dieu a
tout créé, jusqu'à maintenant, et il n'y en aura plus jamais de pareille.
20 Si le Seigneur n'avait pas décidé d'abréger cette période,
personne ne survivrait. Mais il l'a abrégée à cause de ceux qu'il a choisis
pour être à lui./
21 Si quelqu'un vous dit alors : “Regardez, le Christ est ici !”
ou bien : “Regardez, il est là !”, ne le croyez pas.
22 Car de faux christs et de faux prophètes se lèveront ; ils
accompliront des signes extraordinaires et des prodiges pour égarer, si
possible, ceux que Dieu a choisis.
23 Vous donc, faites attention ! Je vous ai tout dit à l'avance.
24 En ces jours-là, après une pareille détresse, le soleil
s'obscurcira, la lune ne donnera plus sa clarté,
25 les étoiles tomberont des cieux, et les puissances qui sont
dans les cieux seront ébranlées.
26 Alors on verra le Fils de l'homme venir dans les nuées, dans
toute sa puissance et sa gloire.
27 Il enverra les anges pour rassembler ceux qu'il a choisis des
quatre coins du monde, de l'extrémité de la terre jusqu'à l'extrémité des
cieux.
Pour les juifs, le Temple qui représente la présence de
Dieu est un repère essentiel, et la fierté d’Israël. Son renversement annoncé a
donc un goût de fin du monde ! On comprend que les disciples, inquiets
demandent à en savoir plus : « combien de temps nous
reste-t’il ? » ; voilà leur question, et elle est encore
d’actualité !
Sans répondre vraiment, Jésus les met plutôt en
garde : attention, les signes trompent et égarent. Ce qui
doit occuper leurs esprits, c’est plutôt l’espérance et l’obéissance qui
permettent de persévérer en attendant l’établissement du Royaume de Dieu.
C’est encore valable pour nous, aujourd’hui.
La recherche de signes, une fausse piste ?
« Dis-nous quand cela se passera et quel signe indiquera que tout cela va se terminer. »
Que répond Jésus ?
« Vous entendrez parler de
guerres et de rumeurs de guerres… » ; « il y aura des
tremblements de terre en divers lieux, ainsi que des famines » ;
« Car on vous livrera aux tribunaux ».
Jésus donne ici des signes permanents et insuffisamment précis pour permettre à quiconque de savoir si, vraiment, la fin est là : à toutes les époques de l’histoire, il y a eu des guerres, des famines, et dès le début les chrétiens ont été persécutés...
Le seul signe un peu précis concerne la destruction du Temple :
« Lorsque vous verrez
celle qu'on appelle “l'horreur abominable” installée là où elle ne doit pas
être… ».
Jésus cite ici le prophète Daniel. On pense que Daniel annonçait la profanation du Temple de Jérusalem par Antiochus Épiphane, qui eut
lieu en 168 av. J. -C, lorsque celui-ci mit un autel à Zeus dans le Temple.
Pour Jésus, c’est donc du passé ! Mais
d’autres profanateurs viendront quelques années plus tard : d’abord
Caligula qui en 41 tenta de mettre sa statue dans le Temple, puis l’empereur
Titus, qui en 70 s’empara du Temple, avant de le détruire, ce qui
marquera vraiment la fin d’une époque, d’un monde.
Au-delà de Titus, c’est un « archétype » à
portée plus universelle que Jésus évoque ici : tout homme puissant qui
s’élèvera contre Dieu dans l’avenir.
Les « anti-christs » correspondant au portrait type sont nombreux dans l’histoire ! Là encore, le signe n’est pas très précis. Jésus l’évoque d’abord pour avertir ses disciples, et les mises en garde sont particulièrement nombreuses dans ce passage : « faites attention » ; « ne vous effrayez pas » ; « faites attention à vous-mêmes » ; « ne vous inquiétez pas d’avance » ; « ne croyez pas ceux qui disent : « Regardez, le Christ est ici ! » ; « Faites attention que personne ne vous égare ».
Ce qui frappe, quand on examine les pseudo-signes évoqués par
Jésus… c’est leur aspect contemporain.
« Vous entendrez parler… » ; « Si quelqu'un vous dit alors : “Regardez, le Christ est ici !”… « de faux christs et de faux prophètes … accompliront des signes extraordinaires et des prodiges »...
Jésus parle… de communication et de spectacle, des domaines
où jamais l’humanité n’est allée aussi loin qu’aujourd’hui. Quand Jésus dit
« vous entendrez parler »… les disciples ne peuvent imaginer ce
qu’est un smartphone, le réseau X ou Tik-Tok !
De fait, si le risque d’égarement était déjà réel à leur époque où
les communications étaient rudimentaires (voie orale, messagers à dos
d’âne !)… à plus forte raison pour nous !
L’avertissement est donc à prendre vraiment au sérieux.
Ne pas laisser la peur nous aveugler
Si Jésus ne donne que des signes imprécis, c’est sans doute pour amener les disciples à s’intéresser à ce qui est vraiment important : son retour à venir, et la nécessité de veiller au quotidien dans l’obéissance et la foi en attendant cet avènement, en persévérant malgré les épreuves, les persécutions…
Alors que le monde qui ne voit pas plus loin que le bout
de son nez s’inquiète et se laisse entraîner dans toutes sortes de fausses
pistes, l’Église doit regarder plus loin, vers le Royaume à venir, et
rester vigilante sans chercher à deviner la date du retour, car Jésus a été
très clair sur ce point :
« Pour ce qui est du jour ou de
l'heure, personne ne les connaît, pas même les anges dans le ciel, ni même
le Fils ; le Père seul le sait ». (Mc 13.32)
Avec des paroles aussi claires, on peut se demander
pourquoi des chrétiens continuent à essayer de le deviner ?!
Même en ces temps
où l’on entend parler de guerre dans notre pays, il nous
faut donc résister à l’inquiétude, et nourrir nos pensées d’une
joyeuse espérance : oui notre monde finira, mais c’est une
perspective positive ! Car c’est pour mieux ressusciter, recréé,
débarrassé une fois pour toutes du mal qui, même en période de paix, est à
l’œuvre dans ce monde. Comme cela est promis pour chacun de nous.
Avant cela, il nous faudra encore subir un temps les conséquences tragiques de la mécanique du mal qui en route dans notre monde ; les dégâts causés par l’humanité sur elle-même, sur la création…
Mais quelles que soient nos souffrances, Dieu promet de les traverser avec nous. Son Esprit nous est donné pour affronter les épreuves. Et jamais la situation n’échappera au Seigneur qui dans son amour fera tout pour que « ceux qu'il a choisis pour être à lui » soient sauvés, et rassemblés dans son Royaume à la fin.
Alors résistons fermement à tous les courants de pessimisme, de catastrophisme, et prenons position au contraire pour l’espérance, pour la paix, pour l’amour...
« Ne vous effrayez pas » ;« ne vous
inquiétez pas d’avance » : écoutons ces encouragements du
Seigneur !
Gardons du recul : « Faites attention que personne ne vous égare. Beaucoup viendront en mon nom et diront : “C'est moi !” Et ils égareront quantité de gens ».
Restons critiques aussi envers les phénomènes de mode en matière de pratique spirituelle, qui peuvent être des façons trompeuses de penser que Jésus est plus « ici » que « là »…
Jésus dit que les faux prophètes sont capables d’accomplir « des signes extraordinaires et des prodiges pour égarer, si possible, ceux que Dieu a choisis ». Le surnaturel et l’expérience vécue ne sont donc pas une garantie spirituelle ; seule la conformité avec la Parole de Dieu et le modèle du Christ l’est : humilité, paix, amour, don de soi désintéressé…
Plutôt que de guetter des signes, il nous faut veiller : c’est-à-dire ne pas négliger notre service quotidien, quel que soit le contexte.
A ce propos, on raconte l’histoire de ce sage qui demande
un jour à ses disciples :
« Que feriez-vous si vous aviez la certitude que la
fin du monde arriverait ce soir ? »
Le premier répond : « j’irais embrasser mes
proches »
Le second répond : « je planterais un
arbre »
Le troisième répond : « j’irais me
réconcilier avec mes ennemis »
Le quatrième répond : « je passerais
l’après-midi en prière ».
Le sage conclut : « ce que vous feriez alors, faites-le tout de suite ».
Au fond, c’est le même message que donne Jésus ici : heureux « celui qui tiendra bon jusqu'à la fin » dans son service, fidèlement, comme si le Seigneur allait revenir ce soir.
Alors au lieu de nous inquiéter pour l’avenir et perdre du temps à chercher des signes, restons concentrés sur le service quotidien que le Christ nous confie. Aimer les autres, partager l’Evangile, prendre soin de la Création… Et ne pas attendre demain pour le faire.
Jésus revient bientôt : qu’il nous trouve actifs dans l’amour
et le service !
Amen
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