Prédication du 29 juin 2025 - Philippiens 4.1-9 - Ensemble, vivre la joie de Dieu !

 



 

Pendant un voyage en Norvège, nous avons vu cette Eglise protestante sur laquelle le pasteur a eu la bonne idée de dessiner un sourire… et ça attire des gens de toutes sortes ! En même temps, ça surprend… parce que les Eglises sont le dernier endroit où les gens s’attendent à trouver de la joie ! Trouver quelque chose de positif, de festif même !

Et c’est vrai que nous, les chrétiens, nous sommes souvent tellement sérieux, graves ... Ou alors nous exprimons notre joie d'une façon qui paraît bizarre aux non-initiés !   

Pourtant, à en croire les Ecritures, nous sommes appelés à exprimer de la joie ! C’est même ce que Paul commande aux Philippiens : « 4Réjouissez-vous d'être unis au Seigneur. Je le répète : réjouissez-vous ! ».

Mal interprété, ce verset a davantage encouragé les faux-semblants que la joie dans les Eglises – faire semblant d’être joyeux pour obéir au verset…! Ou bien on pense que c’est un peu facile, Paul, de demander cela, si tu vivais ce que nous vivons tu serais un peu moins positif.

Sauf que quand Paul écrit ces mots, il est en prison. Et les Philippiens auxquels il écrit sont en proie à des attaques violentes venant de l’extérieur de la communauté et de l’intérieur.

Mais au-delà des difficultés auxquelles chacun doit faire face, Paul les invite à garder les yeux fixés sur celui qui leur a promis la joie et qui en est la source en tout temps, en tous lieux : Jésus-Christ.

Un bel encouragement aussi pour nous en ce moment.

Lecture :

1Mes chers frères et sœurs, je désire tellement vous revoir ! Vous êtes ma joie et ma couronne ! Eh bien, très chers amis, tenez bons, restez unis avec le Seigneur.

2Je t'en supplie Évodie, je t'en supplie Syntyche, vivez en bon accord en restant unies avec le Seigneur. 3Et toi aussi, mon fidèle collègue, je te demande de les aider ; elles ont en effet combattu avec moi pour répandre la bonne nouvelle, ainsi qu'avec Clément et tous mes autres collaborateurs au service du Christ, dont les noms se trouvent dans le livre de vie.

4Réjouissez-vous d'être unis au Seigneur. Je le répète : réjouissez-vous !

5Que votre bonté soit connue de tous. Le Seigneur vient bientôt. 6Ne vous inquiétez de rien, mais en toute circonstance demandez à Dieu dans la prière ce dont vous avez besoin, et faites-le avec un cœur reconnaissant. 7Et la paix de Dieu, qui dépasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées unis avec Jésus Christ.

8Enfin, frères et sœurs, portez votre attention sur tout ce qui est honorable et digne de louange : sur tout ce qui est vrai et mérite d'être respecté, tout ce qui est juste et pur, tout ce qu'on peut apprécier et estimer. 9Mettez en pratique ce que vous avez appris et reçu de moi, ce que vous m'avez entendu dire et vu faire. Et le Dieu de la paix sera avec vous.

 

La joie ? Quelle joie ?

J’ai toujours trouvé étrange qu’on me commande d’être joyeux : est-ce qu’on décide de nos sentiments ? Méthode de pensée positive chrétienne : « aujourd’hui, je décide d’être joyeux ! ».

Paul et les Philippiens étaient très loin de cela. La joie dont il est question ici n’est pas quelque chose de superficiel : c’est spécifiquement celle d’être « unis au Christ ». C’est tout à la fois la joie associée au salut, au fait d’être sauvé et d’appartenir à Dieu ; la joie de pouvoir accéder à Dieu grâce au sacrifice de Jésus ; la joie d’avoir maintenant une espérance au-delà de ce monde, au-delà de la mort, au-delà du mal – « le Seigneur est proche », il « vient bientôt » !

Et suprêmement, Paul désigne cette joie surnaturelle que le St Esprit accorde à ceux qui se tournent vers Dieu : « quand on tourne les regards vers lui, on est rayonnant de joie ».

Cette joie là ne peut pas être imitée, ni provoquée artificiellement. L’un des signes de son authenticité est qu’elle est associée à la « paix de Dieu », elle aussi don du St Esprit.

Dans tout le passage, Paul met donc en avant « l’union avec le Seigneur » comme source de cette joie, et aussi de paix, d’unité, d’espérance. Être uni au Seigneur, c’est croire en lui personnellement, et cultiver avec lui une relation d’intimité, ce qui passe par la prière, nous allons y revenir. 

En somme, Paul invite les Philippiens à s’enraciner ensemble en Jésus-Christ afin de goûter la joie surnaturelle qu’il promet, et de le faire avec lui, Paul, leur frère qui les aime affectueusement – « vous êtes ma joie » ! dit-il tout au long de la lettre.

Quelques voleurs de joie

Mais si Dieu promet la joie à son peuple…  certains « voleurs de joie » se glissent dans les Eglises et les empêchent de faire rayonner l’amour de Dieu, l’Evangile, ce qui est pourtant leur raison d’être.

Paul en pointe plusieurs ici, qui nous concernent aussi :

Des relations en mauvaise santé

D’abord, il y a ces relations entre chrétiens dont tout indique qu’elles sont en mauvaise santé. Les symptômes ? Les divisions, d’abord : ce n’est pas un hasard si Paul exhorte Evodie et Syntyche à « vivre en bon accord ». Comme c’était souvent le cas dans les Eglises fondées par Paul, ces deux femmes avaient sans doute des responsabilités dans la communauté, et les tensions entre elles affectaient l’ensemble… Etre en désaccord, rien de plus normal. Cela devient malsain quand le désaccord évolue en conflit interpersonnel, comme c’était le cas ici. Nous savons tous que les relations dans l’Eglise peuvent être une source de joie profonde – Dieu promet cela dans la communion fraternelle – et en même temps le lieu de profondes souffrances.

En Galates 5.25, avant d’évoquer la joie, l’amour et la paix que produit le St Esprit, Paul dénonce ces voleurs de paix et de joie que sont la médisance, la jalousie, les « ambitions personnelles »… quand on ne se dit pas les choses en vérité et avec amour dans l’Eglise mais qu’on prèfère parler dans le dos… quand on garde pour soi ses ressentiments au risque qu’ils nous dévorent… quand on pense d’abord à nos propres besoins, avant deux des autres.... la joie de Dieu est volée à l’Eglise et avec elle le témoignage de l’Evangile, le rayonnement de l’amour de Dieu pour le monde.

C’est ce qui se passe pour ces deux femmes ici qui ont pourtant « combattu avec (Paul) pour répandre la bonne nouvelle »

Ce n’est pas une fatalité : comme Paul fait appel à la responsabilité de ces deux femmes pour resserrer leurs liens, avec l’aide d’un frère (mystérieux), et ainsi se concentrer à nouveau sur l’annonce de la Bonne Nouvelle (v.3), prenons nos responsabilités dans ce domaine, pour guérir nos relations, assainir notre façon de communiquer entre nous, de vivre nos désaccords. 

Un beau programme pour l’avenir, avec l’aide du Seigneur… pour libérer sa joie dans notre Eglise afin qu’elle reflète son amour auprès de ceux qui nous entourent !

Les soucis de la vie

Autres voleurs de joie que Paul pointe ici : les soucis de la vie. « 6Ne vous inquiétez de rien… ». Bien sûr iI est humain de s’inquiéter. Pour nos proches, pour le monde, pour l’Eglise, avec toutes les choses qu’on porte, avec la conscience qu’on a de sa fragilité…

Etre affecté par le monde est légitime. Jésus a pleuré sur Jérusalem ! Mais si nous en restons là, notre joie d’être unis à Dieu peut finir étouffée sous les soucis.

Les soucis nous poussent à nous replier sur nous-mêmes… et nous oublions le partage de l’Evangile ! 

Contre les voleurs… veiller sur les endroits stratégiques

C’est pourquoi Paul invite les Philippiens à « tenir ferme » et à ne pas perdre de vue leur vocation de témoins en restant centrés sur le Christ et sa Parole par la foi, et à porter plutôt leur attention sur ce qui va nourrir leur joie, leur espérance, leur relation avec Jésus.

C’est un peu comme si, contre les voleurs de joie et de paix, on plaçait des gardiens aux endroits stratégiques, ces lieux que l’Adversaire vise pour nous abattre. Paul en évoque plusieurs.

La prière (v.5-7)

Le premier bien sûr, c’est la prière, lieu stratégique par excellence. Là où nous nous connectons à celui qui est la source de la joie.

« 6Ne vous inquiétez de rien, mais en toute circonstance demandez à Dieu dans la prière ce dont vous avez besoin, et faites-le avec un cœur reconnaissant. 7Et la paix de Dieu, qui dépasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées unis avec Jésus Christ ».

Souvent nous disons : « je n’arrive pas à prier parce que j’ai trop de soucis, je ne suis pas en paix ». C’est prendre les choses à l’envers ! La paix est la conséquence de la prière, pas un préalable. Une prière à vivre continuellement, comme le grec d’origine le suggère – dans un renouvellement constant, tout au long de la journée. Prévoir une pause prière en milieu de journée ? 

Prenons soin de ce gardien-là, c’est peut-être le plus important. Nous allons le faire ensemble l’an prochain – thème « développer une vie de prière ».

Les pensées

Le deuxième lieu stratégique que Paul évoque, ce sont nos pensées :

« Frères et sœurs, portez votre attention sur tout ce qui est honorable et digne de louange : sur tout ce qui est vrai et mérite d'être respecté, tout ce qui est juste et pur, tout ce qu'on peut apprécier et estimer ».

« Portez votre attention » : là aussi, Paul fait appel à la responsabilité de chacun. Il s’agit de prendre position, de décider de veiller sur ce que nous mettons dans notre tête, parce que là aussi, c’est la protection du centre de commandement qui est en jeu.

Globalement, je pense que nous sommes assez attentifs à ce que nous mangeons pour être en bonne santé. Sommes-nous autant attentifs à ce dont nous nourrissons notre esprit ? Notre imagination ? Nous savons tous que le principal enjeu aujourd’hui est le contrôle des pensées : ce n'est pas pour rien qu'Elon Musc a racheté Tweeter, c'est pour diffuser sa vision du monde ; de même pour ces  milliardaires français qui achetent des TV et journaux pour diffuser leur vision du monde (le plus souvent réactionnaire, contraire aux valeurs de l'Evangile). 

Face à tous cela, qu’est-ce que je fais couramment pour nourrir mon esprit et me réjouir ? Quelles sont les choses que je devrais éviter parce qu’elles appauvrissent ou entravent mon ancrage en Christ ?[1] Me volent ma joie ?

On sait que la colère notamment est largement exploitée sur les réseaux sociaux à des fins politiques. Qu’est-ce qui, plutôt, va nourrir ma soif des Ecritures ? Ma compassion ? Ma motivation pour l’engagement social, le témoignage, le service ?

Voilà bien un autre lieu stratégique où mettre des gardiens de toute urgence !

Ensemble, vivre la joie et la paix de Dieu !

Dans tout cela, nous ne sommes pas livrés à nous-mêmes, au contraire : il nous faut reconnaître notre incapacité à vivre par nous-mêmes des relations saines et veiller sur nos « lieux stratégiques ». Et nous tourner vers le Christ pour tout cela.

« 6Ne vous inquiétez de rien, mais en toute circonstance demandez à Dieu dans la prière ce dont vous avez besoin, et faites-le avec un cœur reconnaissant. 7Et la paix de Dieu, qui dépasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées unis avec Jésus Christ ».

« 9Mettez en pratique ce que vous avez appris et reçu de moi, ce que vous m'avez entendu dire et vu faire. Et le Dieu de la paix sera avec vous ».

A nous de faire notre part de serviteurs avec responsabilité en vivant l’Evangile le mieux possible, avec tout ce que nous avons reçu. Dieu sera avec nous, agissant par son Esprit et veillant sur nous quoi qu’il arrive ! Le v. 7 dit qu’il place sa paix comme un « gardien » à la porte de nos cœurs et de nos pensées. Sa paix, son shalom, plus qu’un sentiment, c’est sa puissance pour sauver ses enfants et, ici, préserver la bonne santé de nos pensées, de nos cœurs…

Alors ensemble, ne laissons pas les soucis de ce monde prendre le dessus, mais encourageons nous mutuellement à compter sur Dieu, à nous enraciner en lui dans la prière, soignons nos relations et luttons contre ce qui peut voler notre joie, pour que notre vie d’Eglise puisse donner envie aux gens qui nous entourent, 

que notre vie communautaire reflète la joie et la paix qui découlent de l’union avec le Seigneur, et que toute la ville voit rayonner le grand sourire de notre communauté !

Amen

 



[1] Voir P. Scazzero, Devenir un leader émotionnellement sain, p. 151

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