Prédication du 8 juin 2025 - Vivre avec l'Esprit de Dieu - Romains 8.8-17

 



Aujourd'hui, nous célébrons un anniversaire exceptionnel : celui de l'Église universelle ! Pas seulement l'Église Libre d'Avignon, mais l'Église tout entière, dont nous faisons partie avec nos frères et sœurs de toutes les traditions chrétiennes.

Le livre des Actes nous raconte donc comment, le jour de la Pentecôte, l'Église est née de l'Esprit Saint descendant sur les disciples de Jésus à Jérusalem. Depuis ce jour, l'Église s'est développée, a grandi et s'est structurée sous l'action puissante du Saint-Esprit. Grâce à Lui, le Christ a continué d'agir à travers la prédication de l'Évangile, l'enseignement des apôtres transmis dans la Bible et le témoignage des croyants, que rien, pas même la violence ou les persécutions, n’a pu faire taire.

Si un anniversaire nous ramène vers le passé, c’est pour mieux célèbrer ce qui est présent  : l'action du Saint-Esprit aujourd’hui. Comme au temps des Actes, la santé de notre Eglise, son développement, la façon dont elle forme des disciples de Christ, leurs relation et leur témoignage... tout dépend de l'Esprit. Il nous faut donc vivre avec lui , nous laisser conduire par Lui en comptant sur Sa puissance et Son inspiration, et non pas seulement sur nos propres ressources et logiques humaines.

Cette vérité fondamentale, Paul l'expose dans sa lettre aux Romains, chapitre 8:1-17. Il s'adresse aux chrétiens de Rome et leur dit :

(Trad. Parole de vie)

5 … Ceux qui suivent leur façon de voir obéissent à leurs désirs humains, mais ceux qui suivent l’Esprit Saint obéissent à ce que l’Esprit désire. 6Quand quelqu’un suit ses désirs humains, il va vers la mort, quand quelqu’un suit l’Esprit Saint, il va vers la vie et vers la paix. 7Oui, les désirs humains sont ennemis de Dieu, ils n’obéissent pas à la loi de Dieu. Pour eux, c’est même impossible. 8Et ceux qui suivent ces désirs ne peuvent pas plaire à Dieu.

9Or, vous, vous ne suivez plus ces désirs, vous suivez l’Esprit de Dieu parce qu’il habite en vous. Si quelqu’un n’a pas l’Esprit du Christ, il n’appartient pas au Christ. 10Mais le Christ est en vous. Bien sûr, votre corps va mourir à cause du péché. Mais, puisque vous avez été rendus justes, l’Esprit Saint vous donne la vie. 11Dieu a réveillé Jésus de la mort. Si l’Esprit de Dieu habite en vous, ce Dieu qui a réveillé le Christ de la mort donnera la vie par son Esprit à vos corps qui doivent mourir.

12C’est pourquoi, frères et sœurs, nous avons une dette. Ce n’est pas envers nos désirs humains que nous avons une dette : nous ne devons pas vivre comme ils le demandent. 13Si vous vivez en suivant ces désirs, vous mourrez. Au contraire, si, avec l’aide de l’Esprit Saint, vous faites disparaître vos façons de faire égoïstes, vous vivrez. 14En effet, tous ceux que l’Esprit de Dieu conduit sont enfants de Dieu. 15Et l’Esprit que vous avez reçu ne fait pas de vous des esclaves qui ont encore peur, mais il fait de vous des enfants de Dieu. Et par cet Esprit, nous crions vers Dieu en lui disant : « Abba ! Père ! » 16L’Esprit Saint lui-même nous donne ce témoignage : nous sommes enfants de Dieu. 17Alors, si nous sommes enfants de Dieu, nous recevrons en partage les biens promis par Dieu à son peuple, et ces biens, nous les recevrons avec le Christ. Oui, si nous participons à ses souffrances, nous participerons aussi à sa gloire.

 

Paul est clair : il est impossible de plaire à Dieu sans l'Esprit Saint. Et ce n’est pas juste une question de dosage entre notre part et celle de l’Esprit : si nous voulons plaire à Dieu et avancer avec Lui, nous devons radicalement choisir de suivre l'Esprit Saint plutôt que nos propres désirs, notre propre « logique » (autre trad).

Parce que notre nature humaine n’est pas juste trop faible : elle a carrément tendance à s’opposer à l’action de l’Esprit.

J'ai synthétisé dans un petit tableau ce que le passage dit sur les sur les fruits que produisent notre nature d’un côté, l’Esprit de l’autre.

La « chair », la « logique humaine », la nature humaine sans Dieu, vulnérable au péché

Le Saint-Esprit

Pousse à « se préoccuper de ce qui est humain »

Pousse à « se préoccuper de ce qui est spirituel »

Mène à la mort

Mène à la vie éternelle, vers une résurrection semblable à celle du Christ

Rend ennemi de Dieu

Marque notre appartenance à Dieu. Fais de nous des enfants de Dieu, co-héritiers avec le Christ , destinés à la gloire du Royaume de Dieu

Ne permet pas de plaire à Dieu et de faire sa volonté

Incline nos cœurs à suivre la loi de Dieu par amour

Favorise l’égoïsme, l’autocentrement contre les autres

Incline à l’amour et au don de soi

Nous rend esclaves du mal

Nous libère du mal

Nous maintient dans la peur

Produit « l'amour, la joie, la paix, la patience, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur et la maîtrise de soi » (Galates 5.25).

 

De quoi parle Paul quand il évoque les « désirs humains » ? Le mot original est souvent traduit « la chair » et les deux expressions peuvent être mal comprises. Avoir des désirs humains, c’est bien, c’est beau et il est important d’y être attentif ! De même, pour notre « chair », notre corps qui est une magnifique création à ne pas mépriser.
Paul parle d’autre chose, de la nature humaine dans son état de faiblesse et de vulnérabilité face au péché. Paul utilise ce terme pour contraster la vie selon les désirs humains égoïstes et la vie selon l'Esprit de Dieu. La "chair" représente les tendances humaines qui peuvent conduire à des comportements contraires à la volonté de Dieu comme les conflits ou l'égoïsme.

Ce n’est pas que sans Dieu nous soyons incapables de faire du bien : il suffit de regarder autour de nous. (grâce générale de Calvin : Dieu maintient quelque chose). Mais cela ne suffit pas pour nous libérer de l’influence du mal et retrouver la communion avec le Dieu de la vie sans laquelle nous ne pouvons pas entrer dans la vie pleine et éternelle que Dieu nous offre dans la communion avec Dieu. Pour cela, il nous faut naître de nouveau en recevant l’Esprit de vie, l’Esprit d’adoption qui fait de nous des enfants de Dieu.

Tant que nous serons dans ce monde, nous serons tiraillés entre ces deux influences. D’où l’importance de discerner si nos élans, nos idées viennent du Saint-Esprit ou de nous sans Dieu. Comment faire ? En regardant où cela nous mène, ce que ça va produire : plus l'amour, de joie, de paix, de bienveillance, de bénédiction pour les autres… (fruits de l’Esprit) ou de division, de trouble, d’inquiétude, de souffrance... ?

Attention : si Paul rappelle cette différence fondamentale entre la logique humaine et la logique du Saint Esprit, ce n'est pas parce que les deux seraient comme dans un bras de fer à l'intérieur de chacun d'entre nous, avec une chance pour le péché de l'emporter sur le Saint-Esprit au cas où nous, chrétiens, nous nous ne serions pas assez ceci ou cela pas assez engagé pas assez ceci ou cela (ce fameux « pas assez »…).

 Non !   Paul ici affirme au contraire la victoire complète du Christ à la croix qui lui accorde une victoire complète sur le péché dans nos vies ! Et la liberté totale que le Saint Esprit nous accorde, gratuitement, envers le péché et la mort, en tant qu’enfants de Dieu !

Certes c'est une victoire encore en espérance, et dans les faits nous sommes encore harcelés par le péché, par l'adversaire, plein de faiblesses spirituelles diverses, de maladies… Paul ne nie pas tout cela bien sûr, lui-même vivait tout cela dans sa chair. Cela n'empêche pas que nous avons l'Esprit du Christ et que c'est un Esprit de vie, de paix et de résurrection qui travaille déjà à nous régénérer, à changer nos cœurs pour qu’ils soient de plus en plus comme celui du Christ, connectés à Dieu, conduits par l’amour véritable.

Alors appuyons nous sur lui pour résister au mal et servir Dieu et notre prochain dans l’amour ! C’est pour cela que la force de l’Esprit nous est donnée.

Apprendre à connaître le Saint Esprit

Comment savoir si nous avons reçu cet Esprit ? Peut-être que notre ressenti nous en fait douter. Peut-être qu’en regardant nos vies, notre Eglise… nous ne voyons pas ces fameux fruits du Saint Esprit… Où est la puissance de liberté, de paix et de foi promise ? Et puis je ne sens pas le Saint-Esprit, ce que ça veut dire qu'il n'est pas là ? Que je m'illusionne moi-même en pensant que je suis un vrai chrétien ?

Toutes ces questions sont à prendre au sérieux, ce que nous ressentons est important, c'est là où nous en sommes et il n'y a pas à juger cela, il n'y a pas à en avoir honte.

Il me semble que c'est justement l'occasion de suivre ce que dit Paul ici, c'est-à-dire de laisser de côté notre logique humaine, pour adopter le point de vue de Dieu sur nous. Il est là, le choix radical auquel Paul nous invite ici, et c'est un acte de foi.

Il nous invite d’abord à accueillir pour nous cette affirmation : si nous avons cru en Jésus, c’est que son Esprit nous a permis de croire, et donc que cet Esprit s’est installé en nous. Et c'est un esprit d'adoption, qui fait de nous des enfants de Dieu et qui nous permet de crier à Dieu « Abba père »

Aujourd’hui même, l'Esprit du Christ habite en nous pour « témoigner », attester que nous sommes enfants de Dieu et même plus : héritier de Dieu, héritier avec le Christ. Héritier de quoi ? Héritier du Royaume de Dieu, dans lequel nous entrerons un jour pour régner avec le Christ.

Le Saint Esprit n’est pas une force, une énergie qui nous traverserait simplement comme un fluide, et qu’on devrait forcément ressentir. Il est une personne, Dieu lui-même. On dit qu’il « procède du Père et du Fils ».

Ouvre notre intelligence pour comprendre la Bible, nous inspire des versets

Il est celui qui inspirer nos « oui » à Dieu, il est la force qui nous permet de passer à l’action, celui qui suscite en nous le désir de Dieu…

Jésus le nomme consolateur, Esprit de vérité, de sagesse, de paix, d’amour… Il peut guérir, accomplir des miracles. Il donne le courage et les mots pour témoigner de l’Evangile.

Il est l’Esprit du Christ serviteur et seul peut nous donner des cœurs de serviteurs

Paul dira quelques versets plus loin en Romains 8 que c’est lui qui prie en nous, qui inspire nos prières parce que sans lui, nous ne savons pas comment prier…

De fait, on évoque souvent le Saint Esprit pour parler des guérisons ou révélations extraordinaires dont il est la source, au risque d’oublier les signes ordinaires de son action en nous, discrets, mais incontestables :

-          Si les choses de Dieu vous intéressent, que vous avez envie de connaître le Christ, que le sujet vous attire… c’est que le St Esprit est en train d’agir en vous, et qu’il attise cette envie.

-          Si la présence du péché dans votre vie vous pèse et que vous tendez vers Dieu pour sortir de cela… c’est que le St Esprit est en train d’agir en vous.

-          Si vous vous intéressez à la Bible… si vous priez Dieu au nom de Jésus… si discuter avec d’autres chrétiens vous fait du bien…

Et plus encore !

Saint Augustin disait : « tu ne chercherais pas si tu ne m’avais pas déjà trouvé ».

C’est lui qui nous permet de croire ! Et il est la force qui peut nous aider à croire, même quand c’est dur, même dans le temps

Mais en tout cela, il est Dieu, souverain, jamais limité par nos désirs, nos peurs ou ce que nous pensons possible ou pas.

L’Esprit d’adoption : « Abba, Père ! »

Quelle est notre part dans tout cela ? Remarquons que dans ce passage, Paul parle peu de ce que nous avons à faire, et beaucoup de ce que fait l’Esprit en nous – sans doute parce que c’est d’abord une question d’être plus que de faire : découvrir notre nouvelle nature d’enfants de Dieu, héritiers de Dieu avec le Christ… cela devrait changer notre regard sur nous-mêmes ! Et susciter de la joie, de l’espérance, de la confiance : Dieu a prévu pour nous ses enfants des bénédictions qui nous dépassent ! Et rien ne pourra nous séparer de lui, parce qu’il s’est installé en nous.  

Notre part, dit Paul ici, c’est de « suivre l’Esprit », vivre avec lui – lit. « tendre vers lui ». Désirer l’écouter, compter sur lui, être disponible. C’est d’abord reconnaitre notre incapacité à faire le bien sans lui et lui demander de nous aider. Et faire de notre mieux, simplement.

Nous tourner vers lui sans attendre pour « crier » : « Abba, Père ! ». J’ai besoin de toi, de ton Esprit. Viens au secours de mon manque de foi. Sa grâce est plus grande que nos difficultés et nos doutes.

Nous ne pouvons pas limiter à l’avance ce qu’il fera de nous car il est Dieu ! 

Alors n’essayons plus de vivre notre vie personnelle, familiale, professionnelle, notre vie d’Eglise… par nous-mêmes. Demandons l’aide, la conduite et la force de l’Esprit à Dieu notre Père.

Laissons le nous porter, nous encourager, nous inspirer, nous guérir !

Que le souffle de Pentecôte renouvelle notre foi, notre joie, notre amour, notre service ensemble… et nous bénisse tous !

Amen


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