Prédication du 09 février 2025 - Ephésiens 6.10-24 - Lutter dans la prière, un appel pour l’Eglise

 



Comme chaque année, l’association Portes Ouvertes nous invite donc à consacrer un culte aux chrétiens persécutés, ailleurs dans le monde.

Je ne sais pas comment c’est pour vous, mais j’ai toujours trouvé de tels cultes assez difficiles, émotionnellement, spirituellement. Pas simple d’abord d’être témoin des souffrances d’autres personnes ; cela peut remuer en nous une compassion mêlée de crainte – s’ils souffrent, ça veut dire que ça peut m’arriver aussi ! – et de culpabilité – se sentir soulagé de ne pas vivre ce qu’ils vivent…

On peut se sentir si impuissant devant leurs difficultés… au point de baisser les bras, de détourner le regard. Comme si ce que vivent ces chrétiens ne nous concernait pas.

Que faire alors de cet appel que, via PO, nos frères et sœurs nous adressent : « priez pour nous » ?

Le prendre au sérieux… et le vivre dans le contexte, plus global, du combat spirituel que Satan mène contre l’Eglise du Christ.

C’est ce que l’apôtre Paul demande aux chrétiens d’Ephèse qui subissent justement des persécutions. Derrière les hommes qui les attaquent, dit Paul, des puissances spirituelles sont aussi à l’œuvre, contre lesquelles il s’agit de résister, avec les armes données par Dieu, et dans la prière les uns pour les autres.

 

 Ephésiens 6.10-24

10… puisez votre force dans l'union avec le Seigneur, dans sa puissance manifestée avec tant de force. 11Prenez sur vous toutes les armes que Dieu fournit, afin d'être capable de tenir bon face aux ruses du diable. 12Car nous n'avons pas à lutter contre des êtres humains ; mais nous devons lutter contre les pouvoirs, les autorités, les maîtres de ce monde obscur, contre toutes les puissances spirituelles mauvaises qui sont dans les cieux. 13Saisissez donc maintenant toutes les armes de Dieu ! Ainsi, quand viendra le jour mauvais, vous aurez la force de résister, après avoir combattu jusqu'à la fin, vous tiendrez encore fermement votre position.

14Tenez-vous donc prêts : ayez la vérité comme ceinture autour de la taille ; portez la droiture comme cuirasse ; 15mettez comme chaussures à vos pieds le zèle à annoncer la bonne nouvelle de la paix. 16Prenez toujours la foi comme bouclier : il vous permettra d'éteindre toutes les flèches enflammées du Mauvais. 17Et recevez le salut comme casque et la parole de Dieu comme épée donnée par l'Esprit saint. 18Par toutes sortes de prières et de demandes, priez en toute circonstance, grâce à l'Esprit. Veillez à cela avec persévérance. Priez pour tous ceux qui appartiennent à Dieu 19priez aussi pour moi, afin que Dieu m'inspire les mots justes quand je m'exprime, et que je révèle avec assurance le projet de salut qu'est la bonne nouvelle. 20Bien que je sois maintenant en prison, je suis l'ambassadeur de cette bonne nouvelle. Priez donc pour que j'en parle avec assurance, comme je le dois.

21Tychique, notre cher frère qui est un responsable fidèle au service du Seigneur, vous donnera toutes les nouvelles qui me concernent, afin que vous sachiez ce que je deviens. 22Je vous l'ai donc envoyé en particulier pour vous dire comment nous allons et pour vous réconforter.

23Que Dieu le Père et le Seigneur Jésus Christ accordent à tous les frères et à toutes les sœurs la paix et l'amour, avec la foi. 24Que la grâce de Dieu soit avec tous ceux qui aiment notre Seigneur Jésus Christ d'un amour inaltérable.

 

Ouvrir les yeux sur le combat en cours

Je n’avais jamais remarqué que l’appel de Paul à prier pour lui et tous les autres chrétiens se situait dans un contexte de persécutions physiques et spirituelles. Ephèse était une ville consacrée aux cultes païens et la présence d’une communauté chrétienne, qui plus est composée de juifs et de non juifs, ensemble, dérangeait. Les attaques étaient donc réelles.

Que faire face à elles ?

D’abord, se tourner vers le Dieu qui seul, peut tout : « « puisez votre force dans l'union avec le Seigneur, dans sa puissance manifestée avec tant de force ».

Ensuite, ouvrir les yeux sur cette réalité invisible : ce ne sont pas les humains nos ennemis, mais les forces spirituelles mauvaises autour du Diable, dont les « ruses » sont essentiellement des fausses croyances qui nous ont été soufflées, que nous tenons pour des vérités alors qu’elles sont des mensonges destinés à nous enfermer et nous garder inactifs pour Dieu : penser par exemple que nous ne pouvons avoir aucun impact réel, que les choses ne changeront pas, que « c’était mieux avant », que ça ne sert à rien de prier… le découragement, l’amertume, le ressentiment contre tel ou tel, contre le manque d’engagement… tout ce qui nous rend tristes et nous démobilise ne vient pas du Dieu de la vie et de l’espérance, mais de l’Adversaire !

Bien sûr, à vues humaines, nous ne représentons pas grand-chose, que ce soit en tant que communauté dans ce quartier ou en tant qu’individus là où nous vivons dispersés. Pourtant nous sommes le corps du Christ, ses enfants, « une nation sainte, un peuple que Dieu s’est acquis » pour que nous soyons témoins de sa gloire et de son amour… non par nous-mêmes, notre motivation, notre bonne volonté… mais par la force de son Esprit.

Alors nous pouvons relever la tête, reprendre espoir et nous remobiliser.

Paul indique deux façons de le faire : en employant les armes de Dieu et en nous engageant dans la prière.

Résister avec les armes de Dieu

Combattre par nos propres forces serait perdu d’avance. Mais Paul liste ici les ressources que Dieu met à notre disposition : la foi, la « droiture » - un engagement à vivre selon les lois morales de Dieu ; le « zèle » la motivation pour partager la Bonne nouvelle ; l’attachement à Jésus-Christ qui a tout accompli pour nous et nous a sauvés une fois pour toutes…

En cultivant tout cela, dans une vie d’Eglise active, dans la méditation de la Bible, le service…  Nous nous « tenons prêts » à résister, dans un combat qui est donc essentiellement défensif : il s’agit de « tenir la position » en attendant le retour du Christ.

Une seule arme offensive est nommée : la Parole de Dieu. Déclarer la Parole de Dieu est une arme puissante contre l’ennemi, dire les vérités qu’elle révèle démasque les mensonges du Diable. Concrètement, ça veut dire nourrir notre cœur et notre intelligence de la Parole de Dieu, axer nos décisions et nos actes sur elle et la transmettre autour de nous.

 

Combattre dans la prière

Tout cela n’est rien sans la prière ; elle est « l’activité qui rend efficaces toutes les armes dont il a été question dans les versets précédent »[1]. 

La prière nous permet de résister et de riposter.

Arrêtons-nous sur ce que Paul nous en dit ici :

18Par toutes sortes de prières et de demandes, priez en toute circonstance, grâce à l'Esprit. Veillez à cela avec persévérance.

D’abord, c’est « grâce à l’Esprit » que nous prions. L’Esprit « vient au secours de notre faiblesse » quand nous prions, il soutient notre prière, prie en nous, et veut inspirer nos paroles : demandons au Père de nous accorder cette inspiration là ! Sinon notre prière risque d’être sèche et sans impact.

Ensuite, le fait même de prier est l’objet d’un combat spirituel : que c’est difficile de s’y tenir ! Les moines en savent quelque chose… alors même que rien n’est là pour les distraire ! Que dire alors de nous… Si vous avez du mal à prier, cessez de culpabiliser, vous jouez le jeu du diable, l’accusateur ! Demandez plutôt à Dieu son aide pour commencer à prier ! Ce qui implique… de le prier !

Prier comment ? Souvent, de différentes façons, silencieusement ou à haute voix, en chantant ou en pensant, seul ou à plusieurs… sans se limiter !

Mais toujours avec foi, conscients que nous participons, d’une manière mystérieuse, à la lutte contre le mal et à l’établissement du Royaume de Dieu.  

Refusons le mensonge selon lequel « ça ne sert à rien » : si c’était le cas, Paul ne demanderait ainsi que l’on prie pour tous les chrétiens… et pour lui aussi !

Priez pour tous ceux qui appartiennent à Dieu.19priez aussi pour moi, afin que Dieu m'inspire les mots justes quand je m'exprime, et que je révèle avec assurance le projet de salut qu'est la bonne nouvelle. 20Bien que je sois maintenant en prison, je suis l'ambassadeur de cette bonne nouvelle. Priez donc pour que j'en parle avec assurance, comme je le dois.

Si Paul, le grand apôtre, demande qu’on prie pour lui… c’est que c’est important ! N’hésitons pas à faire comme lui : demandons le soutien des autres dans la prière, cela entretient notre humilité et notre dépendance à Dieu – deux antidotes aux pièges de Satan, qui nous attrape souvent par l’orgueil et l’isolement.

 

La prière fait grandir l’amour

Prions aussi parce que prier pour quelqu’un, c’est l’aimer, et que l’amour fait reculer l’Adversaire.

Dans son beau livre, Prier, tout simplement, Pete Greig écrit : « nous croyons – c’est un article de la foi chrétienne et un élément central de l’expérience chrétienne universelle – que des maladies peuvent être guéries, des malédictions brisées, des Eglises réveillées, des quartiers façonnés, des catastrophes évitées, des gouvernements redressés et l’avenir transformé par le seul pouvoir de la prière d’intercession. Cette dernière exige cependant un changement de regard, de mes besoins vers ceux des autres. (…) Si on aime vraiment les autres, on a pour eux des désirs qui dépassent de beaucoup ce qu’on a les moyens de leur donner, ce qui conduit à la prière. L’intercession est une façon d’aimer les autres »[2].

Comment aimer des gens qu’on n’a jamais vus ? Ces chrétiens lointains, souvent sans visage ? En commençant par prier pour eux. Si l’intercession est une façon d’aimer les autres, c’est aussi une façon d’apprendre à les aimer en changeant de regard – «de mes besoins vers ceux des autres ». 

Plus je prie pour des gens, plus mon cœur s’ouvre à ce qu’ils sont, ce qu’ils vivent. Et c’est une œuvre du St Esprit.

Est-ce que l’un de nos grands freins spirituels, en France, n’est pas cet individualisme partout présent, qui pousse à privilégier le confort sur l’engagement, et à se replier ?

Il nous impacte, nous chrétiens, plus que ce que nous croyons.


Ce n’est pas une fatalité. Avec Dieu il est toujours possible de revenir, de se réveiller.  

 

Prier change les choses

 

Oui, prier change les choses. P. Greig rapporte le témoignage de Jonathan, un membre de sa communauté, à Londres.

Il était arrivé très tôt en ville, un matin d'août, pour une réunion de travail. Ayant deux heures à tuer, il avait traversé à pied la Tamise par le pont de Westminster et arrivé là, s'était mis à penser à l'attaque terroriste qui avait eu lieu l'année précédente. Il avait l'impression qu'un nouveau danger se profilait et se mit donc à prier pour que Dieu le protège. Puis il continua à parcourir les rues de la capitale en priant pour la sécurité de ceux qui habitaient là. Il a fait cela jusqu'à 07h30. Sept minutes plus tard, à 100 mètres du lieu où il se trouvait, un terroriste fauchait des piétons et des cyclistes précisément là où il venait de prier.

Pete Grieg ajoute : « nous ne saurons jamais avec certitude quelle différence ont fait les prières de Jonathan ce jour-là. Mais nous savons au moins une chose : si l'attaque de l'année précédente avait fait 5 morts et 50 blessés, cet attentat ne fit aucune victime. 3 personnes légèrement blessées furent aussitôt secourues par le véhicule qui suivait immédiatement la voiture des terroristes - une ambulance ! »[3]

 

Prier Précisément, avec Persévérance, par la Puissance du Christ

Oui, nos prières changent les choses. Alors prions, et pour cela je vous propose 3 principes, 3 P. 

1.      Avec Persévérance comme Paul nous y invite – et là, on est dans le combat, vraiment. Il plus facile de persévérer quand on est plusieurs ; à l’Eglise vous pouvez venir prier le premier jeudi du mois à 19h, prier dans les petits groupes de maison, prier avec une ou deux autres personnes, prier pendant le culte…
+ membres de la chaîne de prière > engagement
Les ressources sont nombreuses.

2.      Prions avec Précision, aussi : Paul donne des sujets de prière précis, il envoie même Tychique pour donner aux Ephésiens des nouvelles ! L’équivalent antique de la newsletter actuelle 😊

Renseignons-nous, donc, pour prier sur des choses précises. S’abonner à la newsletter de Portes Ouvertes est un moyen. Nous pouvons choisir des personnes, des situations … et nous concentrer dessus, dans le régulier.

3.      Et dans cet engagement de prière, prions par la Puissance du Christ, en puisant notre force en Dieu, dans son Esprit. Laissons-nous inspirer, prions avec la Bible en main.

Dans cet engagement, puisons notre force « dans l'union avec le Seigneur, dans sa puissance » ! Notre Seigneur a déjà remporté la victoire sur le mal, mais la bataille n’est pas terminée ; alors réveillons-nous, reprenons courage, et prions !

Amen

 

 

 

 

 

 

 

 



[1] D. Angers, Ephésiens, BLF, p. 386

[2] P. Greig, Prier, tout simplement, p.137

[3] Greig, opus cit, p. 140

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